Les chiens présents dans la zone d’exclusion de Tchernobyl ont des particularités génétiques qui les distinguent des autres chiens sauvages, ainsi que des chiens domestiques.

Autour de la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, on trouve depuis près de 40 ans une « zone d’exclusion ». Depuis son évacuation, en 1986, elle est interdite au public en raison de niveaux de radiations dangereux dans certains endroits. Peu à peu, cependant, la nature y a repris ses droits, engendrant des paysages relativement post-apocalyptiques.

La vie sauvage y est également active : ours bruns, bisons, loups, lynx, chevaux de Przewalski, des centaines d’espèces d’oiseaux. Ces animaux sont exposés, depuis plusieurs décennies, à des niveaux bas, mais constants, et plus élevés que la moyenne, de radiations. Quels effets cela peut-il avoir ?

Un chien au sein de la zone d'exclusion de Tchernobyl. // Source : Jorge Franganillo/Flickr/CC
Un chien au sein de la zone d’exclusion de Tchernobyl. // Source : Jorge Franganillo/Flickr/CC

Des travaux publiés le 3 mars 2023 se sont penchés sur les chiens sauvages présents au sein de cette zone d’exclusion — ils y seraient environ 800. À partir d’échantillons prélevés auprès 302 individus parmi eux, les auteurs ont comparé leurs génomes à ceux d’autres chiens sauvages dans le monde ainsi qu’à des chiens de race domestiqués. La conclusion : « Les individus de la centrale et de la ville de Tchernobyl sont génétiquement distincts. »

3 populations de chiens, 3 génomes légèrement différents

Il existe trois familles distinctes de chiens à Tchernobyl :

  • Ceux qui vivent directement dans la centrale ;
  • Ceux qui vivent dans l’ancienne zone résidentielle (abandonnée par l’humain) ;
  • Ceux qui vivent dans une ville proche, habitée par des travailleurs qui surveillent régulièrement la centrale.

Ces trois populations sont distinctes génétiquement des autres ; mais également distinctes entre elles. Ce n’est pas un détail : chacune de ces populations a été exposée à un niveau très différent (et bien documenté) de radiations — ce qui montre un impact différentiel en fonction de ce niveau. Maintenant que cette division génétique est établie, les prochaines études pourront se pencher sur cette histoire évolutive afin de caractériser l’impact précis des radiations sur les génomes. Cette seconde partie des recherches pourrait ainsi permettre d’identifier des « variants génétiques critiques » qui se sont formés pendant près de 40 ans d’exposition à cet environnement contaminé.

« La population de chiens de Tchernobyl a un grand potentiel pour documenter les études de gestion des ressources environnementales dans une population résurgente », écrivent les auteurs en conclusion de leurs travaux. « Son plus grand potentiel, cependant, réside dans la compréhension des fondements biologiques de la survie des animaux et, en fin de compte, de l’être humain, dans des régions soumises à des agressions environnementales importantes et continues. »

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