La Nasa a dévoilé sa nouvelle combinaison spatiale. Son logo rend subtilement hommage à certaines des plus grandes figures de l’histoire de la conquête spatiale, tout en regardant vers l’avenir.

L’humanité a longtemps contemplé de loin les étoiles et les planètes, qui lui paraissaient bien inaccessibles pendant des siècles. Le progrès technologique a permis de réaliser ce rêve de quitter la Terre pour explorer un univers qui nous dévoile sans cesse de nouveaux secrets. Mais, à côté de la technologie, il y a surtout des femmes et des hommes, qui ont joué un rôle prépondérant dans l’histoire de l’exploration spatiale.

Le programme Artémis, nouveau chapitre de cette histoire, ne manque pas de le rappeler. La combinaison de la mission Artémis III, qui enverra pour la première fois depuis 50 ans des humains sur la Lune, a même voulu rendre hommage dans son logo à certaines personnes, sans qui nous ne parlerions peut-être pas de cette mission.

Un logo chargé d'histoire // Source : Axiom Space et Pixnio
Un logo chargé d’histoire (et d’histoires). // Source : Axiom Space et Pixnio

Edward White, pionnier parmi les astronautes

L’étoile bleue, que l’on peut apercevoir sur la gauche du logo, rend hommage à Ed White (de son nom complet Edward White). Si ce nom ne parait pas aussi connu que celui d’un Neil Armstrong ou d’un Youri Gagarine, c’est pourtant celui du premier Américain à avoir effectué une sortie extra véhiculaire dans l’espace. C’était dans le cadre de la mission Gemini 4, qui a eu lieu le 3 juin 1965.

Aux côtés du pilote James McDivitt, Ed White s’envole ce jour-là à bord de la capsule Gemini 4. Objectif : étudier les limites d’un vol spatial habité et réussir une première sortie extra véhiculaire, ce que la Nasa n’avait jamais accompli à l’époque.

Portrait d'Edward White // Source : jenikirbyhistory.getarchive.net
Portrait d’Edward White // Source : jenikirbyhistory.getarchive.net

C’est après trois tours de la Terre, quelques heures après le décollage de la capsule Gemini 4, qu’Edward White sort enfin dans l’espace. S’il est rattaché au vaisseau par un tube qui lui apporte de l’oxygène, il s’en éloigne jusqu’à sept mètres, pour flotter pendant plus de 20 minutes en plein espace, dans le vide le plus absolu. Une expérience tellement excitante pour Edward White, qu’il voulait visiblement prolonger. Lorsqu’il doit retourner dans le vaisseau, il déclare même que c’est « le moment le plus triste » de sa vie.

D’ailleurs, en rentrant dans sa capsule, il perd un de ses gants thermiques. Une anecdote inutile ? Pas vraiment, puisqu’il s’agit tout de même du tout premier déchet humain libéré dans l’espace.

Après ce voyage réussi, la Nasa lance le projet Apollo, qui vise à emmener des humains pour la première fois sur la Lune. Ed White fait partie du projet et intègre la mission Apollo 1. Cependant, il n’aura pas la possibilité de poser le pied sur le seul satellite naturel de la Terre. Et pour cause, il perd la vie dans un incendie le 29 janvier 1967, lors d’un entraînement dans le module spatial à la base du Cap Canaveral en Floride.

Ce désastre remettra en question l’utilisation de matériaux inflammables, utilisés pendant les premières missions Apollo. Malgré cette triste fin, son nom reste incontournable dans l’histoire de la Nasa. Lors de la mission Apollo 15 (1971) les astronautes déposent sur la Lune Fallen Astronaut, une œuvre commémorative où est inscrit le nom d’Edward White.

Des images de sa sortie spatiale historique ont aussi été inclus dans les deux sondes Voyager, qui parcourent l’Univers depuis près de 45 ans.

Alexei Leonov, le vrai premier

Pour l’étoile rouge, c’est du côté de l’URSS et plus précisément de l’astronaute Alexei Leonov qu’il faut regarder. Le 18 mars 1965, le vaisseau Voskhod s’envole, avec à son bord Alexei Leonov. Ce jour-là, il devient le tout premier être humain à faire une sortie extra véhiculaire dans l’espace et devance Edward White de quelques mois.

Si cet exploit permet aux Soviétiques de montrer leur (courte) avance sur les Américains, il révèle aussi quelques imperfections. Pour cette première mondiale, la combinaison n’était pas entièrement adaptée.

Alors que l’évènement est diffusé en direct à la télévision, la combinaison d’Alexei Leonov se dilate et gonfle dans l’espace, « comme le Bibendum de la publicité Michelin », s’en amusera plus tard Leonov. Cet imprévu l’empêche de retourner dans le Vokshod, ce qui pousse à l’interruption du direct. Sur Terre, beaucoup croient même qu’il est mort.

Et, ç’aurait pu être le cas, si Alexei Leonov n’avaient pas actionné une valve pour atténuer la pression à l’intérieur de sa tenue et réussir à retourner, en force, dans la capsule. La suite de l’aventure est tout aussi compliquée, puisque le Vokshod, dans lequel il est accompagné par Pavel Beliaïev, finit par atterrir dans une forêt de l’Oural, à 2 000 km du point de chute originel, prévu au Kazakhstan. Un nouvel imprévu pour Alexei Leonov, contraint d’attendre trois jours pour être retrouvé et rapatrié.

L'astronaute Alexei Leonov à bord d'une capsule Soyouz en 1975 // Source : Picryl et The U.S. National Archives
L’astronaute Alexei Leonov à bord d’une capsule Soyouz en 1975. // Source : Picryl et The U.S. National Archives

Mais, malgré ces déboires, Alexei Leonov aura réussi à faire avancer l’URSS sur sa technologie spatiale. L’expérience contrastée du Voskshod conduira les Soviétiques à abandonner ce programme pour en lancer un autre qui marquera encore plus l’histoire : le Soyouz.

De son côté, Alexei Leonov se retrouve de nouveau lié à un projet spatial d’envergure en 1975. C’est à lui que le commandement soviétique de la première mission conjointe Apollo-Soyouz, qui réunit l’URSS et les États-Unis, est attribué. Le point d’exclamation d’une vie riche, pour ce grand nom de l’histoire spatiale, qui s’est éteint à 85 ans le 11 octobre 2019.

Regard vers le futur

S’il rend hommage au passé, le logo de l’AxEmu semble aussi tourné vers le futur. Le fil orange parait relier la Lune à une planète rouge très convoitée, qui n’est autre que Mars. Pour l’instant, les agences spatiales cherchent à déterminer l’existence présente ou passée d’une vie sur la planète rouge. La Nasa a d’ailleurs déjà envoyé le rover Perseverance pour collecter des données et prépare déjà le lieu où les échantillons du sol martien seront étudiés, lorsqu’ils reviendront sur Terre, à l’horizon 2033.

Viser la Lune, ce n'est pas viser Mars. // Source : Flickr/CC/NASA/JPL-Caltech/USGS/Kevin M. Gill (image recadrée)
Après la Lune, Mars en ligne de mire. // Source : Flickr/CC/NASA/JPL-Caltech/USGS/Kevin M. Gill (image recadrée)

Les enjeux autour de ces données sont d’une importance capitale pour la suite. Si ces données permettent de confirmer que l’humain peut vivre sur Mars, la planète devrait être la prochaine étape dans la conquête spatiale.

Pour la Nasa, le programme Artémis est même une rampe de lancement vers Mars, même si cela est discutable d’un point de vue logistique. Si les contraintes d’un voyage vers Mars sont un jour surmontées, l’AxEMU aura son rôle à jouer et s’adaptera aussi, pour peut-être, accompagner les premiers humains qui arriveront à poser un pied sur Mars. Après tout selon Axiom, cette combinaison est « conçue pour durer des générations ».

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