Son cou est aussi long qu’un bus et il a vécu durant le Jurassique supérieur, en Chine, il y a plus de 145 millions d’années : voici Mamenchisaurus sinocanadorum. C’était un sauropode, un infra-ordre herbivore appartenant aux dinosaures.
Les sauropodes comme ce spécimen sont particulièrement massifs. Cette taille titanesque est un obstacle pour les paléontologues : pour obtenir des squelettes complets, encore faut-il qu’ils soient enfouis complètement, ce qui est extrêmement rare avec un telle corpulence. Cette mauvaise fossilisation réduit considérablement les données disponibles.
Dans la revue Journal of Systematic Paleontology, des chercheurs présentent pourtant le 15 mars 2023 les dimensions exactes du cou de ce sauropode. Le spécimen étudié a été découvert dans les années 1980 et a été récemment réétudié à la lumière de nouvelles technologies de tomographie.
Voilà qui est bien pratique pour manger les feuilles des arbres
Son cou ferait pas moins de 15,1 mètres. Avec ce chiffre, M. sinocanadorum détient le record du plus long cou. C’est six fois plus que celui des girafes.
Le cou n’était toutefois pas très flexible, il ne pouvait s’élever qu’à un angle faible au-dessus de l’horizontale — 20 à 30 degrés. Cela réduit la hauteur accessible. Mais, la longueur restait un avantage alimentaire : « (…) L’extrême longueur du cou signifie que la tête de l’animal pourrait atteindre des hauteurs d’environ 7,5 à 10 mètres au-dessus du sol, ce qui facilitait l’alimentation sur le feuillage des arbres », détaille la paléontologue et coauteur Paul Upchurch, sur le site de l’université Stony Brook.
Mais, comment est-ce biologiquement possible ? La réponse n’est pas encore pleinement connue. On sait cependant que certains sauropodes avaient des os remplis d’air — de fait, malgré un corps massif, le squelette était probablement moins lourd qu’il n’en a l’air. En l’occurrence, les scans du spécimen étudié ont révélé que l’air représentait 69 à 77 % du volume total de ses os.
Par ailleurs, pour éviter que le cou ne puisse se briser trop facilement, l’évolution a conféré à ce sauropode des extensions osseuses des vertèbres, en forme de tiges, lesquelles se chevauchaient tout au long du cou.
Il demeure une énigme : la respiration. « Comme tous les autres dinosaures sauropodes, le Mamenchisaurus possédait un appareil respiratoire complexe qui comprenait non seulement les poumons, mais aussi de nombreux sacs aériens semblables à des ballons », explique Paul Barrett, paléontologue, sur le site du Museum d’histoire naturelle de Londres. « Ceux-ci étaient reliés aux poumons et à la trachée, mais répartis à l’intérieur du cou, de la poitrine et de l’abdomen de l’animal. » Mieux, ces sacs d’air représentaient un volume total finalement plus grand que des poumons. Ils pouvaient se déployer aussi dans les dos.
« Cet espace supplémentaire aurait aidé ces gigantesques sauropodes à déplacer le grand volume d’air dans la longue trachée qui devait occuper leur cou extraordinaire », suppose Paul Barrett.
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