Les instruments scientifiques du JWST ont pu capturer en un seul coup de nombreuses informations concernant une exoplanète située à 40 années-lumière. Des données qui ont permis de comprendre la dynamique météorologique… et ses tempêtes.

C’est une démonstration supplémentaire des capacités exceptionnelles de James Webb, déjà largement documentées depuis son entrée en fonction, l’été dernier. Rendez-vous compte : le tout dernier communiqué annonçant les découvertes du télescope spatial révèle qu’il a été possible de déceler un tourbillon de poussière sur une exoplanète extrêmement lointaine.

Car le monde en question, qui répond au nom de code VHS 1256 b, se trouve à 40 années-lumière de la Terre (cela signifie que les photons, qui sont les particules les plus rapides de l’univers, mettent quarante ans pour nous atteindre). Un monde massif, mais ayant une gravité faible, plus basse que celles d’autres naines brunes, des sortes d’étoiles ratées.

En comparaison, la plus grande planète du Système solaireJupiter — fait pâle figure. Les naines brunes se situent à mi-chemin entre la planète géante et la petite étoile. Côté masse, elles atteignent entre 15 et 75 fois la masse de Jupiter. Et ce sont aussi des mondes qui, manifestement, sont touchés par des conditions climatiques particulières.

Vue d'artiste du JWST. // Source : NASA's Goddard Space Flight Center Conceptual Image Lab
Vue d’artiste du JWST. // Source : NASA’s Goddard Space Flight Center Conceptual Image Lab

Dans les hautes couches de l’atmosphère, par exemple, les températures atteignent jusqu’à 830°C. C’est là, d’ailleurs, que des nuages formés de poussière de silicate s’agitent. Quand ces cumulus deviennent trop lourds, les astronomes tablent sur la chute de ces grains dans les profondeurs de l’atmosphère de VHS 1256 b. Comme une sorte de pluie.

« Les grains plus gros ressemblent davantage à des particules de sable très chaudes et très petites », commente Beth Biller, de l’université d’Édimbourg. Un parallèle qui a inspiré le communiqué, qui a quelque peu imité un bulletin météo pour l’occasion : « Bulletin météo : attendez-vous à des nuages épars et inégaux composés de silicates sur la planète VHS 1256 b. »

Un monde très jeune à l’échelle de l’Univers

Mais le temps serait très désagréable, promettent les chercheurs : « vous est-il déjà arrivé de vous faire fouetter le visage par du sable chaud ? C’est une expérience apaisante comparée aux conditions instables découvertes dans l’atmosphère de la planète VHS 1256 b », prévient le communiqué, qui met la fougue de la planète sur le compte de son jeune âge — à l’échelle cosmique.

« L’âge de la planète est une autre raison pour laquelle son ciel est si turbulent », racontent les astronomes. Elle n’a que 150 millions d’années. C’est monde encore juvénile. « Elle continuera à changer et à se refroidir pendant des milliards d’années ». En comparaison, la Terre est déjà une planète d’âge mûr, si l’on peut dire, avec ses 4,5 milliards d’années.

Spectre VHS 1256 b
L’analyse spectrographique du monde lointain. // Source : NASA, ESA, CSA, J. Olmsted (STScI)

Les capacités de James Webb ne se sont d’ailleurs pas arrêtées à l’observation des tourbillons et des tempêtes dans l’atmosphère de VHS 1256 b. D’autres composés ont été repérés : de l’eau, du monoxyde de carbone, du méthane. Des indices de dioxyde de carbone ont aussi été décelés. Et, bien entendu, du silicate. D’autres signatures chimiques pourraient aussi être relevées ensuite.

D’ailleurs, le télescope a réussi à capturer toutes ces caractéristiques en un seul coup. « Aucun autre télescope n’a identifié autant de caractéristiques à la fois pour une seule cible », remarque Andrew Skemer, de l’université de Californie à Santa Cruz. Une seule analyse spectrographique a suffi pour voir ces molécules, qui ont ensuite permis de saisir la dynamique météorologique.

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