Le 27 mars 1827, Ludwig van Beethoven nous quittait. Mais avant sa mort, le compositeur, parmi les plus influents de la musique classique, avait émis le souhait de voir sa maladie étudiée, décrite et rendue publique.
Si plusieurs biographies médicales faites à son sujet ont établi tout un tas d’hypothèses sur les origines de ses problèmes de santé, plusieurs zones d’ombre subsistent. Pour tenter d’élucider le mystère, des scientifiques ont répondu près de deux siècles plus tard à la requête de ce génie de la musique, en analysant son ADN à partir de mèches de cheveux authentifiées et retrouvées dans des collections publiques et privées.
Les résultats ont permis aux scientifiques de faire des découvertes surprenantes qu’ils ont partagées le 23 mars 2023 dans la revue scientifique Current Biology.
Des maladies génétiques ?
Si nous savons déjà que Beethoven avait une audition défaillante et des problèmes gastro-intestinaux, les analyses réalisées ont permis d’apporter du sens à ses problèmes de santé. Selon Johannes Krause, archéogénéticien qui a participé à l’étude, « un certain nombre de facteurs de risque génétiques importants pour les maladies du foie » ont été découverts dans l’ADN de l’artiste allemand.
« Des preuves d’une infection par le virus de l’hépatite B, apparu dans les mois précédant la dernière maladie du compositeur » ont aussi été trouvées. De plus, selon plusieurs lettres écrites par lui-même, Beethoven consommait beaucoup d’alcool.
Pour Krause, tous ces problèmes réunis « ont probablement contribué à sa mort ». Un constat partagé par Tristan James Alexander Begg, auteur majeur de l’étude : « Si sa consommation d’alcool était suffisamment importante sur une période suffisamment longue, l’interaction avec ces facteurs de risque génétiques présente une explication possible de sa cirrhose ».
L’étude a aussi révélé l’existence d’autres facteurs potentiels, puisque Beethoven a peut-être souffert dans sa vie d’une maladie cœliaque, d’intolérance au lactose ou d’un syndrome de l’intestin irritable.
Pour autant, cela ne suffit pas pour établir des conclusions : « Nous n’avons pas été en mesure de trouver une cause définitive à la surdité ou aux problèmes gastro-intestinaux de Beethoven », a ainsi déclaré Krause.
Les cheveux de Beethoven ont aussi leur limite
On pourrait penser que les scientifiques ne se sont attelés qu’à détecter les maladies qui ont affaibli Beethoven. Mais ils ont aussi profité de l’ADN dont il disposait pour savoir si ces maladies ont déjà touché son ascendance. Si les chercheurs ont pu établir que Beethoven présente « une prédisposition génétique considérable » aux maladies du foie, ils n’ont pas pu trouver un lien génétique à sa surdité. Il faut dire que les cheveux de Beethoven ont aussi leur limite.
Comme l’étude l’explique, « le peu de données présentes sur des échantillons de cheveux historiques ont un impact significatif sur la qualité des données et des gènes analysés. Malgré de grands progrès en génétique médicale, les causes génétiques de nombreuses maladies ne sont pas encore entièrement comprises, surtout dans le cas des maladies multifactorielles, qui sont encore compliquées par le fait que la génétique peut aussi contribuer considérablement au développement de la maladie ».
En revanche, cette mèche de cheveux a permis d’en savoir plus sur les origines du compositeur. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont multiples. S’il est logiquement et en grande partie d’origine allemande, Beethoven a aussi des ancêtres lointains d’Europe centrale, suisses et français !
L’ascendance de Beethoven semble être aussi passée en Belgique, où se trouvent cinq hommes belges qui partagent avec le compositeur un ancêtre commun ayant vécu au 16e siècle : Aert van Beethoven. Les scientifiques ont donc fait une comparaison entre l’ADN du compositeur et celui de ces hommes.
Sauf que les analyses ont révélé que le chromosome Y du compositeur ne correspond pas à celui des cinq Belges. Une différence qui pourrait s’expliquer par une relation extraconjugale, qui a eu lieu à un moment entre les sept générations séparant la naissance de cet ancêtre commun et la naissance du compositeur Beethoven, en 1770.
Il n’est d’ailleurs pas impossible que « Beethoven lui-même soit illégitime », si on se fie aux propos de Tristan Begg. Une hypothèse que les scientifiques comptent bien approfondir, en étudiant d’autres mèches de cheveux authentifiées appartenant à l’auteur de la 5e symphonie.
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