C’est désormais confirmé : l’abandon de la Station spatiale internationale (ISS) n’est plus à l’ordre du jour pour la Russie. Après un temps de relative incertitude, en partie causée par les tensions géopolitiques résultant de la guerre en Ukraine, le Kremlin a finalement pris la décision de prolonger sa participation dans ce projet multinational.
C’est ce que rapportait l’agence de presse publique Tass dans son édition du 12 avril, évoquant une rencontre entre le président Vladimir Poutine et le patron de l’agence spatiale russe (Roscosmos), Iouri Borissov. De cette réunion est ressortie l’idée de prolonger la contribution de la Russie jusqu’en 2028. Rien n’est encore décidé pour les années d’après.
La Russie a semblé souffler le chaud et le froid sur l’ISS
Avec le grave conflit en cours dans l’est de l’Ukraine, l’ISS s’était retrouvée utilisée comme levier de Moscou pour menacer les pays occidentaux. L’ancien patron de l’agence spatiale russe a relayé une vidéo fictive dans laquelle on voit le segment russe de la station se détacher du reste de l’ISS, pour marquer symboliquement une rupture entre les partenaires.
Tout ceci n’était que du bluff. L’ISS n’a jamais été réellement en danger, bien que certaines initiatives russes constituent de fait une menace à long terme, à l’image du tir anti-satellite survenu en novembre 2021. Tout le monde a conservé une attitude professionnelle au sujet de la station — hormis un épisode de propagande où des drapeaux de régions séparatistes ont été brandis.
En revanche, la poursuite de la contribution de la Russie dans l’ISS au-delà de 2024 s’est posée un temps. Dans les semaines qui ont suivi, l’après 2024 s’est toutefois mû en après 2028. C’est ce nouveau calendrier qui est aujourd’hui entériné par les autorités moscovites. L’ISS est l’un des derniers cadres où une coopération russo-occidentale peut avoir lieu.
Selon Tass, la décision prise le 12 avril a tenu compte de divers paramètres, dont l’état du segment russe, des rotations de cosmonautes et de la durée de vie restante de l’ISS, mais aussi d’autres facteurs non cités. Parmi eux figure sans doute le projet national de longue date de lancer une nouvelle station, 100 % russe cette fois, à l’image de la station Mir.
De fait, les multiples sanctions occidentales prises pour punir aussi durement que possible Moscou de son agression militaire, et pour l’inciter à retirer ses troupes, ont aussi un impact sur le programme spatial russe. Il est plus difficile pour Roscosmos de s’approvisionner en composants, ce qui complique le maintien en condition des véhicules et la fabrication d’autres engins.
Aujourd’hui, l’ISS devrait tirer sa révérence aux alentours de 2030, avec une chute programmée dans l’océan — sauf si une nouvelle prolongation est décidée. En 2030, la Station aura alors dépassé les trente-deux ans d’activité dans l’espace — en effet, elle a commencé d’être assemblée en 1998. Elle regroupe aujourd’hui les États-Unis, la Russie, le Japon, le Canada et l’Europe.
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