La Nasa se désintéresse petit à petit de l’ISS. Rien d’étonnant : l’agence spatiale américaine souhaite concentrer ses efforts sur son programme d’exploration spatiale habitée. Avec en ligne de mire la Lune et Mars.

L’adage est connu : il n’est jamais bon de courir plusieurs lièvres à la fois. Surtout lorsque chacun d’entre eux est susceptible de coûter plusieurs milliards de dollars. La Nasa le sait bien : malgré les moyens très importants qui lui sont alloués, l’agence spatiale américaine ne pourra pas mener de front un projet similaire à la station spatiale internationale (ISS) tout en développant ses activités d’exploration dans le système solaire.

ISS NASA

Aurore australe vue de l’ISS
CC – NASA

Aussi, l’intérêt de la Nasa pour des constructions identiques à l’ISS est en train de décliner très vite. C’est ce qu’a confié William Gerstenmaier, l’administrateur adjoint responsable du programme d’exploration spatiale habitée, lors d’une réunion avec comité consultatif de l’administration, dans des propos rapportés par Ars Technica.

En fait, à l’entendre, la Nasa a même hâte de se libérer de ses obligations pour orienter ses efforts sur la Lune et Mars. « Nous allons sortir de l’ISS aussi rapidement que nous le pouvons. Que notre place soit occupée par le secteur privée ou non, la vision de la Nasa est que nous allons essayer d’en sortir », a-t-il déclaré. Et à l’entendre, c’est même toute l’orbite terrestre basse que la Nasa devrait délasser.

La position qu’exprime William Gerstenmaier peut se comprendre.

[floating-quote float= »right »]Le SLS, projet qui accapare la NASA.[/quote]

En terme de prix, d’abord : la station spatiale internationale, c’est un projet évalué à 150 milliards de dollars. Certes, les États-Unis n’ont pas tout payé seuls : l’Union européenne, la Russie, le Canada et le Japon contribuent à hauteur de plusieurs milliards de dollars chacun. Mais il est vrai que les USA paient le plus : il faut dire qu’ils sont à l’origine du programme. À côté, l’exploration spatiale habitée va coûter également énormément d’argent. Le seul développement du Space Launch System (SLS, qui sera le lanceur spatial lourd de la Nasa, a un coût qui est évalué à 35 milliards de dollars. Et ce SLS aura pour tâche de transporter des astronautes bien au-delà de l’orbite terrestre basse, en direction de la Lune mais aussi, d’ici quelques décennies, vers Mars. Des arbitrages doivent donc être faits.

Ensuite, l’ISS est une aventure qui a déjà donné beaucoup de satisfaction.

Né en 1985, il s’est concrétisé en 1998 avec la mise en orbite des premiers éléments. Cela fait aujourd’hui 17 ans que des expériences sont menées à bord et que se relaient en permanence des équipages. Et alors qu’elle devait cesser d’être utilisée en 2016, elle a déjà bénéficié de deux prolongements successifs de quatre ans chacun, pour durer jusqu’en 2024. Or, sa mise à la retraite ne sera pas sans cesse repoussée.

Et si un successeur doit être trouvé à l’ISS, qui est d’ailleurs situé dans l’orbite terrestre basse, celle que la Nasa souhaite délaisser, il ne sera pas un projet aussi ambitieux ; même à plusieurs pays, les montants restent — c’est le cas de le dire — astronomiques . La Nasa n’a de toute façon pas indiqué vouloir se lancer dans ce type de programme et sa participation, à supposer qu’elle survienne, devrait être très limitée.

Prévue pour s’arrêter en 2016, l’ISS a bénéficié de deux prolongements de quatre ans, pour fonctionner jusqu’en 2024.

En fait, la Nasa donne le sentiment de vouloir céder sa place au secteur privé au niveau de l’orbite terrestre basse. Après tout, des sociétés comme SpaceX (qui ravitaille déjà l’équipage de l’ISS avec son vaisseau cargo Dragon et qui est sur la ligne de départ pour transporter des hommes à bord) et Blue Origin (qui cherche à rattraper son retard et s’est illustré avec une fusée réemployable).

Toutes ces raisons expliquent la réorientation de la Nasa vers les projets spatiaux plus lointains. Puisque les sociétés privées sont aujourd’hui capables de quitter sans difficulté les premières couches de l’atmosphère et d’atteindre l’ISS, l’agence spatiale américaine n’a plus forcément besoin de maintenir des efforts particuliers dans le voisinage immédiat de la Terre. D’autres s’en chargeront.

Mars

Vue d’artiste de Mars
– CC European Southern Observatory

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