Starship, l’immense fusée que construit SpaceX pour remplacer la Falcon 9 et le Falcon Heavy, semble être une source d’inspiration à l’étranger. D’après une photographie partagée sur Twitter le 24 avril par le journaliste Andrew Jones, la Chine a un projet de futur lanceur dont le design ressemble beaucoup à celui que l’entreprise américaine développe depuis des années.
Ces photographies, partagées sur le réseau social chinois Weibo, montrent une infographie présentant les caractéristiques techniques de l’engin — hauteur de 114 mètres, diamètre maximal de 10,6 mètres, masse de 4 400 tonnes au décollage ou encore capacité minimale de transport de 150 tonnes en orbite terrestre basse et de 50 tonnes en orbite de transfert.
Selon la traduction de l’infographie permise par Google Lens, mais aussi du résumé d’Andrew Jones, il apparaît que la Chine prévoit d’effectuer deux tirs d’essai vers 2033. Plusieurs déclinaisons existent, dont une à deux étages. Dans cette variante, l’engin doit être constitué de deux étages, qui doivent être réutilisables. Une autre version compte trois étages.
La perspective d’avoir des segments de cette fusée qui sont réutilisables implique une faculté de récupération automatique, afin de pouvoir réutiliser ces étages ultérieurement. À ce sujet, le premier étage sera récupéré sur une barge placée au large des côtes chinoises, selon les plans actuels. C’est aussi sur des barges que SpaceX procède parfois à la récupération de ses fusées.
La Longue Marche 9 s’inspire de Starship
Cette fusée est nommée Longue Marche 9 (Chang Zheng 9 ou CZ-9). Il s’avère que c’est un projet ancien de la Chine, dont les informations publiques les plus anciennes remontent à 2011. Cette Longue Marche 9 doit être le premier lanceur super-lourd de la famille des fusées Longue Marche — plusieurs générations sont opérationnelles aujourd’hui, pour couvrir différents besoins en matière de lancement.
Initialement, cette Longue Marche 9 était inspirée du design du Space Launch System (SLS), la super-fusée de la Nasa, qui doit envoyer des astronautes vers la Lune. Toutefois, l’Académie chinoise de technologie des lanceurs, qui a la charge de concevoir les fusées du pays, a de toute évidence bifurqué vers un tout autre design, plus proche du Starship.
La transformation du design de la Longue Marche 9 n’est pas à proprement parler une surprise : elle avait été relevée sur des sites spécialisés par le passé, comme le site The Space Review. C’est en 2021 que cette refonte a été dévoilée, lors d’une conférence à Hong Kong. Les publications du Weibo montrent que cette orientation est maintenue plus que jamais.
Visuellement, la proximité entre les deux lanceurs est remarquable : on retrouve des dimensions semblables et un look presque identique. La structure est composée de deux étages — comme le Starship — et le véhicule supérieur reprend le principe des ailerons situés au niveau du nez et de la base. On retrouve également un premier étage énorme, qui assure la propulsion principale.
Chris Bergin, du site Nasa Spaceflight, a lui aussi relevé la ressemblance frappante entre cette Longue Marche 9 et le Starship. Dans un tweet partagé le 24 avril, il a partagé des modélisations 3D qui accentuent encore plus cette similarité — sans le drapeau chinois placé sur la carlingue et les idéogrammes, on pourrait les prendre pour des exemplaires de Starship.
Le développement de ce lanceur super-lourd témoigne des ambitions de la Chine pour des missions spatiales plus ambitieuses et plus lointaines — c’est typiquement le genre d’engin taillé pour mener des missions habitées vers la Lune, voire Mars, en transportant d’un coup d’importantes charges utiles vers l’une ou l’autre destination.
L’évolution du design de cette Longue Marche 9 est riche d’enseignement, car elle montre la confiance qu’accorde la Chine dans certaines orientations techniques de SpaceX (des fusées réutilisables et capables de rentrer automatiquement sur Terre), mais aussi dans ses choix de développement. L’abandon du design du SLS de la Nasa est à ce titre lourd de sens.
Inévitablement, « l’inspiration » marquée de la Chine pour le Starship a suscité son lot de plaisanteries. Le pays est régulièrement pointé du doigt pour la copie d’autres projets, y compris dans le domaine spatial. En 2021, un prototype de drone martien ressemblait comme deux gouttes d’eau à l’hélicoptère Ingenuity de la Nasa. En 2023, le pays souhaite faire son « remake » de DART.
Le fait est qu’en Europe aussi, les choix de SpaceX inspirent. Ariane 6 doit être opérationnelle pendant une dizaine d’années, avant de céder sa place à Ariane Next. derrière ce nom de code figure le projet d’une nouvelle génération de lanceur lourd qui aura un premier étage réutilisable, pouvant revenir sur Terre automatiquement, à l’endroit indiqué.
Des prototypes et des démonstrateurs sont conçus, avec les programmes Callisto et Themis. Ariane Next doit être dotée d’une nouvelle propulsion, avec le moteur-fusée Prometheus. Il existe aussi un projet d’étage habitable, réutilisable et automatique, proposé par ArianeGroup. Son nom : Susie. Imaginé pour Ariane 6, on pourrait bien le retrouver dans Ariane Next.
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