Quoi de mieux qu’un serpent pour se faufiler partout ? Dans l’optique d’une exploration des profondeurs de la Terre et même au-delà de notre planète, jusqu’à la recherche de vie sur Encelade (la lune de Saturne), la Nasa prépare un robot inspiré par cette espèce.

Comment allons-nous explorer des planètes et des lunes lointaines sans y mettre un pied ? Ce sera grâce à des robots d’exploration spatiale. L’un d’entre eux a une forme assez originale : celui d’un serpent. Il répond au doux nom d’EELS (pour Exobiology Extant Life Surveyor). Ce n’est pas qu’un concept : la Nasa et le Jet Propulsion Laboratory en ont développé plusieurs prototypes, que l’on peut dorénavant observer en action dans une vidéo postée le 9 mai 2023.

Un serpent autonome sur la Lune de Saturne ?

Le robot se destine dans un premier temps à explorer des zones terrestres inaccessibles, telles que les glaciers, puis à partir sur la Lune et même bien au-delà de notre planète, notamment sur Encelade. Cette dernière est une lune glacée de Saturne qui, composée d’océans souterrains, fait partie des candidates de l’exobiologie. Les scientifiques espèrent y découvrir de la vie (à l’échelle microbiologique). EELS est capable de filmer, mais aussi de créer une carte 3D de l’environnement qu’il explore.

L'EELS est équipée pour se déplacer sur de la glace sans pour autant la briser. // Source : NASA/JPL
L’EELS est équipée pour se déplacer sur de la glace sans pour autant la briser. // Source : NASA/JPL

Le design du robot est bio-inspiré : cette strate de la robotique s’appuie sur les mécanismes de la nature — comme des oiseaux ou d’autres animaux. En l’occurrence, la physionomie des serpents est particulièrement propice à l’exploration en environnement quasi inconnu : EELS peut se faufiler un peu partout très facilement. Il peut même, comme un serpent, relever sa tête pour observer les alentours, dans des positions compliquées. Cela offre une plus grande flexibilité qu’une sonde massive comme Curiosity.

« Il a la capacité d’aller là où d’autres robots ne peuvent pas aller. »

« Il a la capacité d’aller là où d’autres robots ne peuvent pas aller. Bien que certains robots soient plus performants sur un type de terrain particulier, l’idée d’EELS est de pouvoir tout faire », détaille Matthew Robinson, chef du projet au Jet Propulsion Laboratory. « Lorsque vous allez dans des endroits où vous ne savez pas ce que vous allez trouver, vous voulez envoyer un robot polyvalent, conscient des risques, préparé à l’incertitude et capable de prendre des décisions, par lui-même. »

Si le robot est pour l’instant encore piloté à distance, la Nasa compte bien le rendre autonome. Ce sera absolument nécessaire pour l’exploration spatiale lointaine. « Imaginez une voiture conduisant de manière autonome, mais il n’y a pas de panneaux d’arrêt, pas de feux de circulation, ni même de routes. Le robot doit comprendre ce qu’est la route et essayer de la suivre », explique Rohan Thakker, responsable de l’autonomisation du robot. « Ensuite, il doit descendre une pente de 30 mètres sans tomber. »

Le robot EELS doit pouvoir s'en sortir sur des environnements complexes comme de la neige épaisse. // Source : NASA/JPL
Le robot EELS doit pouvoir s’en sortir sur des environnements complexes comme de la neige épaisse. // Source : NASA/JPL

À l’heure actuelle, le robot est mis à l’épreuve dans deux types d’environnements : du sable — pour des mondes secs et poussiéreux comme la Lune –, et de la glace ou de la neige, dans l’optique d’un monde gelé comme Encelade. L’objectif est néanmoins qu’il puisse aussi explorer les eaux liquides.

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