Une controverse refermée, en sélectionnant l’entreprise à l’origine de la polémique. Voilà, en somme, comment il est possible de résumer l’annonce de la Nasa ce 19 mai 2023. L’agence spatiale américaine a fait savoir, par la voix de son grand patron, Bill Nelson, qu’elle choisissait l’entreprise Blue Origin pour construire un atterrisseur pour la Lune.
Plus exactement, la Nasa vient de choisir un deuxième alunisseur pour soutenir son programme Artémis, qui consiste à ramener des astronautes sur le satellite durant la décennie 2020. L’agence spatiale avait déjà choisi SpaceX en 2021, séduite par sa future fusée Starship. Celle-ci est toujours en développement en 2023. Une variante adaptée à l’alunissage sera nécessaire.
« Nous voulons de la concurrence. Nous voulons deux atterrisseurs », a argué Bill Nelson. « C’est préférable. » En ayant un second engin capable de faire la navette entre la future station orbitale (la « Gateway ») et la surface lunaire, Artémis bénéficie d’une meilleure robustesse, avec une solution de repli si l’un des deux a un pépin.
Surtout, c’est aussi un moyen pour la Nasa de se délester d’une partie de la charge de travail. « Cela aide l’agence à partager les risques, les défis techniques et les coûts, pour qu’à la fin de la journée, la mission puisse être accomplie », a poursuivi l’administrateur en chef de la Nasa. Le lauréat devra toujours se soumettre au cahier des charges de l’agence, que Bill Nelson promet strict.
L’ancienne colère de Blue Origin
Ces arguments, avancés par le patron de la Nasa, n’ont pourtant pas toujours été décisifs. Quand l’agence a choisi SpaceX, il y a plus de deux ans, elle n’a choisi que cette entreprise américaine. Les deux autres compétiteurs, Blue Origin et Dynetics, avaient été écartés. La décision avait suscité des remous, notamment sur l’interprétation des règles de l’appel d’offres lancé en 2019.
Blue Origin, société américaine fondée par Jeff Bezos, le milliardaire derrière le géant du commerce électronique Amazon, était particulièrement remontée contre cette décision, faisant des pieds et des mains pour tenter de revenir dans la course. Finalement, l’horizon s’est éclairci pour la compagnie, lorsque la Nasa a finalement acté qu’un deuxième atterrisseur ne serait pas de trop.
Mais, de l’eau a coulé sous les ponts. « Ce composant pour le transport dans l’espace lointain nous aidera à atteindre notre objectif d’envoyer des astronautes à la surface de la Lune et de les ramener sains et saufs à la maison », commente aujourd’hui la Nasa. Blue Origin a désormais un peu plus de six ans pour concevoir, construire, tester, vérifier et valider son atterrisseur.
C’est à partir de la mission Artémis V que son système d’atterrissage sera employé. Ce vol est aujourd’hui attendu pour 2029, sauf décalage du calendrier — ce qui n’est pas impossible, étant donné les lacunes apparues au grand jour avec le vol d’essai de Starship. Actuellement, la Nasa a bouclé avec succès la mission Artémis I fin 2022.
Sur le papier, il est attendu de l’engin qu’il soit capable de transporter un équipage d’astronautes entre la Lune et la station se trouvant en orbite. Il faudra qu’il puisse s’y amarrer. Une capacité de transport de fret est également attendue, pour déposer de l’équipement à la surface. L’engin devra également être en partie habitable, pour des missions de quelques jours.
Blue Origin a déjà réfléchit à un atterriseur lunaire. Au cours du printemps 2019, le concept du Blue Moon avait été présenté à la presse. Désormais, l’entreprise va véritablement devoir passer aux choses sérieuses et délivrer un engin opérationnel dans les prochaines années. Pour ce contrat, les montants en jeu s’élèvent à 3,4 milliards de dollars. On comprend l’insistance de Blue Origin.
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