Dimanche dernier, le 28 mai 2023, les eaux de Venise se sont teintées d’une couleur peu banale : du vert fluorescent. Le phénomène a commencé autour du pont du Rialto avant de s’étendre à l’ensemble du Grand Canal. Au premier jour, les autorités, inquiètes, n’avaient aucune idée de ce qu’il se passait. Une algue, peut-être, ou une substance versée par des écologistes pour une action marquante. Il fallait rapidement déterminer la cause pour écarter une éventuelle dangerosité.
De la fluorescéine dans les eaux de Venise
Après une enquête, lancée dès le premier jour, l’origine du liquide vert fluo a été identifiée en prélevant des échantillons de l’eau touchée. Verdict : c’est de la fluorescéine. Il s’agit d’un produit chimique de type traceur, utilisé très couramment, en petite quantité, pour les constructions sous-marines (les réseaux d’eau usée par exemple), afin d’identifier les fuites, mais aussi en médecine ou en spéléologique.
C’est un composé inoffensif pour la santé et l’écosystème, et les analyses d’échantillon ont confirmé qu’il n’y avait rien de toxique dans ces eaux. La fluorescéine ne procède qu’à une simple coloration.
Ce n’est pas un accident
D’après les informations de CNN le 30 mai, l’agence environnementale de Venise (ARPAV) considère en tout cas que la substance a été libérée en de telles quantités que cela ne semble pas pouvoir relever d’un simple incident. Ce serait donc un acte volontaire.
Selon un média local, La Nuova Venezia, la police essaye d’en pister les auteurs en visionnant notamment les enregistrements de toutes les caméras de vidéosurveillance de la ville. Personne n’a cependant revendiqué l’action à ce jour. Les hypothèses se tournent essentiellement vers une action écologique, symbolique, mais si tel est le cas, il est étonnant que personne ne s’en réclame. Le collectif Dernière Génération, groupe très actif en Italie (deux militants avaient collé leurs mains à un Botticelli), a indiqué ne pas en être la source : « Nous n’avons rien à voir avec cela et ce n’était pas nous, aussi parce que nous revendiquons habituellement nos manifestations. »
Il existe un précédent en partie similaire : en 1968, l’artiste argentin Nicolas Garcia Uriburu avait ajouté un pigment, dans les eaux vénitiennes, qui rendait phosphorescent les micro-organismes. Il présentait son geste comme une performance artistique et écologique, et il l’avait ensuite refait à New York et Paris.
Le président de la région de Vénétie, Luca Zaia, s’est quant à lui inquiété sur Facebook d’un risque d’« émulation », c’est-à-dire de l’émergence de copycats, en raison de la forte visibilité apportée à toute action située à Venise. De fait, une intensification de la surveillance a été décrétée.
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