« En raison des dégâts considérables causés à la région, il s’agit du plus grand écocide en Ukraine depuis le début de l’invasion totale », affirme Oleksandr Krasnolutskyi, le ministre ukrainien de l’Environnement. En cause, la destruction le 6 juin 2023 du barrage de Kakhovka, dont la Russie est responsable, selon les déclarations des responsables ukrainiens. La brèche provoque d’importantes inondations, ce qui nécessite l’évacuation de milliers de personnes. À ce drame humain s’ajoute un drame environnemental : l’écosystème local risque d’être détruit de façon permanente — la région abrite des réserves, des forêts, une riche biodiversité.
Les inondations provoquent « des dommages environnementaux colossaux »
« Nous considérons que ce qui s’est passé entraînera des dommages environnementaux colossaux pour nos écosystèmes », car les inondations « détruiront la biodiversité et les réserves naturelles », a estimé le ministre ukrainien de l’Environnement. Les inondations elles-mêmes, certes, mais aussi ce que les eaux peuvent contenir : des polluants, des métaux lourds, etc., provenant de la destruction du barrage hydroélectrique lui-même.
Parmi les zones touchées, on peut compter une réserve en particulier : la Black Sea Biosphere Reserve. On y trouve pas moins 3 500 espèces, dont une diversité d’insectes parmi les plus grandes au monde. Trois parcs naturels, destinés notamment à protéger des espèces rares, uniques ou en voie d’extinction, sont également menacés.
Les inondations risquent également d’atteindre des lieux appartenant au Réseau Émeraude, un réseau écologique européen composé de « zones d’intérêt spécial pour la conservation ». Ce sont notamment des « territoires destinés à la migration et à la nidification des oiseaux », alerte le ministre ukrainien de l’Environnement, que la réglementation européenne protège « afin de ne pas perturber les schémas de migration de ces espèces ».
« Un acte scandaleux »
Le désastre a rapidement fait l’objet de commentaires provenant autant de la communauté diplomatique que des militants écologistes, mettant en exergue un double crime. « Cet écocide, qui s’inscrit dans le prolongement de l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie, est une nouvelle atrocité qui laisse le monde sans voix. Nos yeux se tournent une fois de plus vers la Russie, qui doit être tenue responsable de ses crimes », a tweeté Greta Thunberg.
« La destruction du barrage de Kakhovka aujourd’hui met en danger des milliers de civils et cause de graves dommages à l’environnement. Il s’agit d’un acte scandaleux qui démontre une fois de plus la brutalité de la guerre menée par la Russie en Ukraine », a quant à lui réagi le secrétaire de l’OTAN. Il s’agit d’un « crime de guerre », pour Charles Michel, le président du Conseil européen.
Les dauphins sont aussi touchés par la guerre
Ce n’est pas le premier drame écologique qui advient depuis l’invasion de l’Ukraine. Le personnel du Parc national des limans de Touzly a alerté en début d’année : les dauphins meurent par centaines en mer Noire à cause de la guerre. « Jusqu’à présent, nous estimons le nombre total à 50 000 au moins », expliquait le chercheur en chef du parc, Ivan Rusev, auprès de Gizmodo.
Plusieurs causes cohabitent. Les sonars utilisés par les navires de guerre nuisent à la chasse ou même aux simples déplacements : puisque les dauphins utilisent l’écholocalisation, la sur-présence de sonars les rend sourds et aveugles. On y ajoute les brûlures dues aux tirs au phosphore. Il y a aussi les explosions elles-mêmes, directement, mais aussi indirectement — en les faisant remonter très rapidement à la surface, elles peuvent causer des problèmes de décompression et des embolies. Avec, enfin, la destruction des habitats et des lieux de reproduction.
« La reconstitution des populations de dauphins prendra des décennies. L’ampleur de la tragédie sur toute la côte de la mer Noire et de la mer d’Azov est difficile à imaginer », estimait le ministre ukrainien de l’Environnement de l’époque, toujours auprès de Gizmodo.
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