Lorsque les températures augmentent, il y a deux écoles. Celles et ceux qui souffrent le martyre et pour qui chaque geste du quotidien devient une torture. De l’autre côté, on retrouve les personnes pour qui la chaleur, « c’est de l’eau ». Pour expliquer cette différence, l’un des éléments régulièrement mis en avant, c’est la couleur de peau. Les personnes au teint foncé seraient par exemple celles qui s’adaptent le mieux à la chaleur.
Par rapport à une personne à la peau plus claire, un Africain ou une personne originaire d’Afrique (afro-descendante) peut effectivement mieux supporter des températures plus élevées. Une résistance qui s’explique par l’avantage d’avoir une peau qui peut se thermoréguler. C’est cette capacité de régulation de la température du corps qui permet à une personne « noire » de résister à la chaleur provoquée par les rayons du soleil. L’héritage génétique de ces personnes, qui sont les descendants d’humains habitués à vivre depuis des millénaires en Afrique, continent le plus chaud du monde, joue aussi un rôle.
Une peau plus résistante aux rayons du Soleil
En ayant de tels ancêtres, une personne africaine hérite d’une peau plus foncée que celle d’un Européen ou d’un Asiatique. Mais il reçoit en plus tout le patrimoine génétique d’humains avec un organisme habitué aux climats extrêmes. C’est aussi un atout que ne possèdent pas les personnes dites « blanches », puisqu’elles ont été habituées à vivre dans des milieux plus froids. C’est le principe de l’évolution.
En quittant l’Afrique il y a plusieurs millions d’années, les humains qui ont migré ont dû s’adapter à leurs nouveaux milieux de vie et en particulier aux rayons du Soleil, moins fort en Europe que sur le continent africain. C’est cette adaptation, couplée à une sélection naturelle, qui a fait perdre aux humains leur résistance accrue aux rayons du soleil en éclaircissant leur peau, notamment pour pouvoir recevoir les rayons du soleil, source principale de vitamine D. Aujourd’hui, cette différence s’explique par la présence du gène BNC2 chez la plupart des personnes blanches et qu’on ne trouve pas chez les Africains ou les afro-descendants.
Selon François Mahé, Professeur de dermatologie à Colmar interrogé par Numerama, la résistance de la peau foncée n’est pas l’élément le plus important : « Quand la pigmentation augmente, la peau a plus de chance de retenir la chaleur. Mais d’un autre côté, il y a un système de régulation qui fait qu’en pratique, cela ne change pas grand-chose ». Surtout, la peau « noire » (un terme qui est d’ailleurs parfois remis en question — l’on pourrait préférer « peau foncée », n’est finalement pas impénétrable par les rayons du soleil.
Résistant n’est pas invulnérable
Les propos tenus par le Professeur Antoine Mahé ne sont pas à prendre à la légère. Les Africains ou les afro-descendants ont la fâcheuse habitude (l’auteur de cet article y compris !) de se penser presque invulnérable face à la chaleur. Si, bien évidemment, l’héritage génétique peut aider, avoir une peau foncée n’est pas non plus un bouclier impénétrable. Selon Antoine Mahé, ce type de peau est en fait plus résistant aux rayons du soleil qu’à la chaleur en elle-même.
Pour expliquer son propos, il a fait la comparaison avec les vêtements de couleurs noires, qu’on dit capable d’absorber la chaleur : « Si on a un tissu de couleur noire, ça va retenir plus de chaleur qu’un tissu de couleur blanche. Mais ce n’est pas la même chose avec la peau. La peau n’est pas aussi foncée qu’un tissu de couleur noire et en plus, elle n’a pas la même structure. Encore une fois, c’est surtout le système de régulation du corps qui fait qu’en pratique, ça ne change pas grand-chose ».
Ainsi, selon le Professeur, « ce qui est clair, c’est que les rayons UV, avec toutes leurs conséquences, sont très bien arrêtés par les peaux fortement pigmentées ». Cela est aussi lié à la mélanine, plus importante chez les personnes à la peau foncée : « Elle protège beaucoup vis-à-vis de la lumière et des ultraviolets. Le risque de cancer est beaucoup plus rare par rapport aux peaux claires, où le cancer de la peau est le plus fréquent. »
Néanmoins, il ne faut pas encore penser qu’un afro-descendant, peu importe où il vit dans le monde n’a aucune chance d’avoir un cancer de la peau. Au contraire, selon le Professeur Antoine Mahé, si le cancer de la peau est plus rare dans la population africaine et sa diaspora, cela y provoque une méconnaissance sur sujet. Les rares cas sont ainsi diagnostiqués tardivement et empêchent une prise en charge rapide pour éviter des complications. Il ne faut donc pas penser qu’une peau foncée n’a pas besoin de protection supplémentaire, comme la crème solaire : « Ce n’est pas pour prévenir les cancers de la peau, mais pour prévenir l’apparition de tâches ».
Le ressenti personnel peut aussi influer la perception
Il faut aussi différencier les personnes à la peau foncée née dans des environnements plus chauds et les autres qui sont nés dans des milieux plus froids. Une personne d’origine africaine, mais née dans le climat plus tempéré de la France n’aura pas le même rapport à la chaleur qu’un Africain né sur le continent, qui y vit toujours et qui fait face à des températures au-dessus des 25° pendant la majorité de l’année.
Pour une personne née en Europe, vivre plusieurs années dans des régions tropicales suffit pour avoir du mal avec le froid plus important qu’on peut (de moins en moins), connaitre en France. Et cela n’a rien à voir avec la couleur de peau ou la génétique. C’est davanage lié aux capacités d’adaptations du corps humain, qui s’acclimate dès la naissance à l’environnement qu’il fréquente, mais aussi à toutes ses habitudes, qui peuvent renforcer ou affaiblir une résistance due à la génétique.
Les vagues de chaleurs, qui sont amenées à se répéter, pourraient d’ailleurs aller dans ce sens, en poussant les populations à s’adapter radicalement. Mais, à l’inverse des migrants qui ont quitté l’Afrique il y a plusieurs millions d’années, l’humanité a beaucoup moins de temps pour y arriver.
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