Une anomalie a été décelée la veille du décollage de l’ultime mission de la fusée Ariane 5. Décision a été prise de repousser le tir.

Ce devait être son tout dernier tour de piste. Finalement, les adieux à la scène d’Ariane 5 surviendront un peu plus tard. Une anomalie de dernière minute a été décelée par Arianespace, la veille du grand jour, obligeant l’entreprise à reporter le vol de sa fusée à une date ultérieure. Une nouvelle date pour le décollage doit être fixée à la fin du mois de juin.

La décision de reporter la mission VA261 a été rendue publique le 15 juin en fin d’après-midi. « Un fait technique en production a mis en évidence un risque sur la redondance d’une fonction critique du lanceur Ariane 5. Conformément à ses exigences de fiabilité, Arianespace a décidé d’ajourner le transfert du lanceur », lit-on dans un tweet envoyé par la société.

Ariane 5
Un décollage d’une fusée Ariane 5. // Source : ESA/CNES/Arianespace

Le fait technique en cause concerne les lignes de commandes impliquées dans la séparation des boosters de la fusée. Le décollage d’Ariane 5 mobilise un premier étage, soutenu par deux propulseurs latéraux — les boosters. Ceux-ci sont largués en altitude lorsque leur réservoir est vide. La fusée continue alors sa route, avant de se séparer du premier étage, dans la haute atmosphère.

Un incident en vol serait symboliquement très dommageable pour Arianespace, qui terminerait alors très mal la carrière d’Ariane 5 alors que la fusée est justement réputée pour sa grande fiabilité. En vingt-sept ans de carrière opérationnelle, elle a réussi avec succès 110 de ses 115 missions. Cela lui permet d’afficher un taux de fiabilité de 95,6 %.

Ce serait également une catastrophe pour les deux charges utiles devant monter à bord de la fusée : deux satellites doivent être envoyés en orbite géostationnaire lors de ce vol. Un démonstrateur technologique allemand (Heinrich-Hertz) et un satellite de communications militaires, Syracuse 4B, au profit de la France. Les deux engins sont en sécurité au centre spatial guyanais.

Une fusée au centre de quelques-unes des plus belles aventures scientifiques

Le développement d’Ariane 5 a été décidé pour étendre largement les capacités de transport d’Ariane 4, en doublant globalement la charge utile pouvant être envoyée dans l’espace. Ariane 4 a été en service de 1988 à 2003. Elle affichait également un taux de fiabilité remarquable : 113 lancements réussis sur 116. Ariane 5 a existé en cinq versions (G, G+, GS, ES et ECA).

Ariane 5 tire sa révérence en laissant derrière elle des missions scientifiques de tout premier plan : XMM-Newton, Rosetta, Herschel, BepiColombo, James Webb, Juice… la fusée a aussi été cruciale pour le déploiement de la constellation Galileo, et pour l’appui à la Station spatiale internationale, avec l’ATV –le véhicule automatique de transfert européen.

Pour l’Europe spatiale, la suite dans les lanceurs lourds s’écrira avec Ariane 6, dont le premier vol est espéré fin 2023 (mais qui devrait probablement glisser sur 2024), en raison du retard accumulé. En attendant, l’Europe spatiale va connaître un vide capacitaire de quelques mois. Ariane 6 doit fonctionner une dizaine d’années, avant de passer la main à Ariane Next.

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