Depuis le dimanche 18 juin, le monde est obnubilé par un sous-marin disparu près de l’épave du Titanic. Chaque minute qui passe rapproche un peu plus son équipage d’un drame, puisque les réserves d’oxygène ne sont pas éternelles. On se pose naturellement beaucoup de questions sur cette expédition privée (pourquoi n’a-t-il pas de GPS ?), et certaines réponses peuvent paraître surprenantes : par exemple, figurez-vous que l’engin est piloté par… une manette de jeux vidéo.
Comme le souligne un article du Washington Post publié le 20 juin, le modèle utilisé (tout du moins pour une ancienne version du sous-marin) est la manette Logitech G-F710 — légèrement modifiée au niveau des sticks. On peut la trouver sous les 50 € sur le site Amazon. Il s’agit d’un pad qui fonctionne en Bluetooth, grâce à un récepteur à brancher sur un port USB. On retrouve tous les boutons habituels, bien connus des amatrices et amateurs de gaming. Faut-il s’étonner de voir un véhicule être piloté par un accessoire lambda dans des conditions extrêmes ? En réalité, non.
Piloter un sous-marin avec une manette de jeu vidéo ? Il n’y a rien d’anormal
Ce n’est pas la première fois qu’on associe des sous-marins à des manettes de jeux vidéo. En 2017, l’US Navy a doté sa dernière génération de sous-marins de pad Xbox 360 pour le contrôle du périscope. On peut même remonter plus loin : en 2008, l’Armée britannique testait un véhicule aérien en le pilotant avec une manette ressemblant à celles conçues par Microsoft. Et, tout récemment, on a vu des soldats ukrainiens se servir du Steam Deck pour contrôler une tourelle à distance. Les concepteurs du sous-marin n’ont pas perdu la tête, ils n’ont fait qu’imiter ce qui se fait déjà dans des corps militaires.
Ce qu’il faut comprendre : les interfaces de jeux vidéo peuvent être sollicitées pour le pilotage d’engins sophistiqués. Les manettes utilisent des connectiques universelles (USB), sont compatibles avec un maximum de systèmes d’exploitation (Windows, Linux…), offrent énormément de touches (donc peuvent commander plein de fonctions) et s’appuient sur une ergonomie difficile à prendre en défaut. Il ne faut pas négliger non plus l’argument de l’apprentissage : aujourd’hui, nous sommes nombreux à avoir eu une manette entre les mains au moins une fois. Pour les recruteurs, c’est un moyen de former plus rapidement les nouveaux venus, déjà familiers avec ce type de commandes.
En revanche, il est plus surprenant de constater que les concepteurs du sous-marin privé, exploité par l’entreprise OceanGate, aient jeté leur dévolu sur une manette de la marque Logitech — qui plus est dans une version Bluetooth (une version filaire existe). Non pas que Logitech conçoive de mauvais produits, bien au contraire, mais il n’est pas interdit de penser qu’une solution conçue par Microsoft garantisse une meilleure fiabilité (surtout en filaire). Ce qui ne veut pas dire que le pad de Logitech pourrait être à l’origine du souci rencontré par le sous-marin.
Ce choix étrange de ne pas miser sur du filaire va tout de même dans le sens d’un sous-marin qui pose un certain nombre de problèmes de sécurité : il est encore expérimental et n’a même pas été certifié. Précisons quand même que les concepteurs ont peut-être changé le modèle de manète. National Geographic a évoqué par exemple une manette PlayStation.
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