El Niño est un phénomène climatique naturel aux effets planétaires. Son influence dépasse largement les eaux du Pacifique, où les températures fluctuent au gré du phénomène de l’ENSO (El Niño – Oscillation australe).

El Niño s’affaiblit, mais ses effets persisteront certainement. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a annoncé le 5 mars 2024 que ce phénomène climatique devrait engendrer des températures supérieures aux normales entre mars et mai.

Après 3 ans d’absence, le printemps 2023 a marqué le retour de ce phénomène, qui affecte l’ensemble du climat dans le monde. El Niño a atteint son apogée en décembre. Comme son pendant, La Niña, El Niño est un phénomène océanique à grande échelle, dont l’influence déborde largement des eaux du Pacifique équatorial.

Qu’est-ce que le courant El Niño ?

El Niño est un phénomène climatique naturel. Il se caractérise par des températures de surface de la mer plus chaudes que la normale dans l’océan Pacifique équatorial. Ces anomalies de température des eaux sont à l’origine d’une cascade d’effets secondaires à l’échelle de la planète.

Comment expliquer El Niño ?

Plus exactement, El Niño est un état ou une phase de l’ENSO, pour « El Niño – Southern Oscillation », soit « El Niño – Oscillation australe » en français. « L’ENSO est l’un des phénomènes climatiques les plus importants sur Terre en raison de sa capacité à modifier la circulation atmosphérique mondiale, qui à son tour influe sur les températures et les précipitations dans le monde entier », résume l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).

Quelle est la différence entre El Niño et la Niña ?

L’ENSO peut se trouver dans 3 phases différentes :

  • El Niño : le réchauffement de la surface de l’océan, à des températures supérieures à la moyenne, dans une partie de l’océan Pacifique.
  • La Niña : le refroidissement de la surface de l’océan, à des températures inférieures à la moyenne, dans les mêmes zones de l’océan Pacifique.
  • La phase neutre : les températures sont proches de la moyenne.

El Niño et la Niña sont donc respectivement les phases chaudes et froides d’un même phénomène climatique récurrent, l’ENSO.

Anomalies de hauteur de la surface de la mer du 1er au 10 juin 2023. // Source : Nasa
Anomalies de hauteur de la surface de la mer du 1er au 10 juin 2023. // Source : Nasa

D’où vient le nom El Niño ?

Le nom du phénomène, que l’on peut traduire par « le petit garçon », est une référence à « El Niño de Navidad », l’enfant Jésus en espagnol. Cela vient du fait que ce sont les pêcheurs péruviens qui ont remarqué en premier le réchauffement des eaux, qui perturbait leur activité. Le réchauffement était observé à partir du mois de décembre, d’où son nom associé à la période de Noël.

Combien de temps dure El Niño ?

Selon le NOAA, les phases changent de façon irrégulière tous les 2 à 7 ans, « entraînant des changements prévisibles de la température de surface des océans et perturbant le régime des vents et des précipitations sous les tropiques ».

Les épisodes d’El Niño commencent généralement en milieu d’année et peuvent durer de 6 à 18 mois. L’intensité maximale est atteinte vers Noël.

« Une fois amorcées, ces anomalies peuvent durer une année entière, voire davantage », selon l’Organisation météorologique mondiale (MMO).

Quand a eu lieu le dernier El Niño ?

La dernière fois qu’El Niño s’est produit, c’était en 2018-2019. Il a ensuite laissé place à une très longue phase de La Niña. Cet épisode d’El Niño est considéré comme faible.

Par contre, l’épisode précédent, survenu en 2014-2016, était très puissant et ses conséquences ont été importantes. « Nous venons de vivre l’un des épisodes El Niño les plus intenses jamais observés ; il a entraîné l’apparition de phénomènes météorologiques extrêmes sur tous les continents et a contribué aux records de chaleur enregistrés en 2015 », indiquait alors le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (MMO), Petteri Taalas.

Quand aura lieu le prochain El Niño ?

Le phénomène a officiellement fait son retour en 2023. En mai, les températures de surface de la mer dans la région d’El Niño ont été estimées supérieures à la moyenne à long terme de l’ordre de 0,8 °C.

El Niño a ensuite connu son apogée en décembre 2023. L’Organisation météorologique mondiale a annoncé en mars 2024 un affaiblissement du phénomène, mais qu’il pourrait être à l’origine de températures supérieures à la normale dans les mois à venir. L’OMM estime qu’il y a environ 60 % de chance qu’El Niño persiste de mars à mai.

Quels sont les effets du phénomène El Niño ?

Anticiper les prochains épisodes d’El Niño est crucial pour se préparer aux dangers qui lui sont associés, notamment les pluies intenses, les inondations, la sécheresse et des températures élevées à l’échelle du globe. El Niño comme La Niña affectent « le régime des vents, la température de la mer et les précipitations », résume Météo-France.

Lors des épisodes El Niño, l’Indonésie et l’Australie peuvent être exposés à des conditions sèches. Des tempêtes tropicales et des ouragans se forment bien plus à l’est qu’à l’accoutumée et peuvent menacer la Polynésie française. Le Pérou est aussi exposé d’intenses précipitations, pouvant être à l’origine d’inondations.

« À l’échelle du globe, la température moyenne a tendance à être anormalement élevée pendant les années concernées par ces épisodes. Ce fut le cas en 1998, année qui a suivi un fort épisode El Niño », indique Météo-France.

Quels liens entre El Niño et le changement climatique ?

Les scientifiques restent prudents sur la question de l’impact du changement climatique sur le phénomène El Niño. Selon Météo-France, « les modèles actuels d’évolution du climat ne permettent pas de prévoir l’effet du changement climatique sur la survenue et l’intensité des épisodes ENSO ». Les progrès attendus dans les prochaines années sur la modélisation climatique des océans et de l’atmosphère pourraient enfin aider à trancher cette question complexe.

Il reste cependant indéniable qu’El Niño s’inscrit dans le contexte du réchauffement climatique global. Ce phénomène augmente la probabilité de battre des records de températures à l’échelle de la planète.

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