Après des jours d’incertitude, des débris du sous-marin Titan ont été retrouvés à proximité de l’épave du Titanic, ont confirmé les gardes-côtes américains le soir du jeudi 22 juin 2023. Les coups entendus étaient donc un faux espoir : les 5 passagers qui ont embarqué à bord du sous-marin le dimanche 18 juin sont tous décédés dans cet accident, qui était l’un des scénarios envisagés.
Lors de la conférence de presse organisée à 21h jeudi soir, les garde-côtes ont indiqué que les débris retrouvés étaient le résultat d’une « implosion catastrophique » du Titan, le sous-marin d’OceanGate transportant les passagers. 5 débris appartenant au sous-marin ont été découverts sur le site. L’accident serait survenu à 487 mètres de la proue de l’épave du Titanic. Le moment précis de l’implosion n’est cependant pas déterminé. Néanmoins, il est probable qu’elle soit survenue vers la fin de la descente de l’engin, le 18 juin. Le contact avec le Titan (parti sans GPS à bord, car cela aurait été inutile) a été perdu environ 1 heure et 45 minutes après le début de la plongée. La Marine américaine avait détecté dès le dimanche une implosion avec un appareil top secret.
Comment le Titan d’OceanGate a-t-il pu imploser ?
Comment un sous-marin peut-il ainsi imploser ? Les submersibles sont normalement conçus pour résister à d’importantes pressions sous-marines. À mesure qu’un sous-marin s’enfonce dans l’eau, la quantité d’eau au-dessus de lui augmente. À environ 3 km sous la surface, la pression est environ 300 fois plus élevée qu’au niveau de la mer. À de telles pressions, les animaux qui vivent dans ces profondeurs ont dû s’adapter pour survivre (ainsi qu’à l’obscurité et au froid).
Néanmoins, un dommage ou un défaut sur la coque du submersible peut provoquer une fuite et l’implosion immédiate du véhicule, dans ces conditions très extrêmes. Dans le cas du Titan, la cause exacte de l’implosion n’est pas connue, mais elle serait due à un affaiblissement de sa coque extérieure.
Quelle différence entre implosion et explosion ?
L’implosion est l’opposé d’une explosion, résume Insider. Lors d’une explosion, le mouvement est celui d’une pression de l’intérieur vers l’extérieur. Lors d’une implosion, c’est une pression venant de l’extérieur qui se dirige vers l’intérieur. Dans les deux cas, le phénomène ne laisse que peu de chance de retrouver beaucoup de morceaux du navire ou les corps de ses occupants.
« Si le navire sous pression présente une défaillance catastrophique, c’est comme si une petite bombe explosait. Il est possible que tous les dispositifs de sécurité soient détruits au cours du processus », résume Stefan Williams, professeur de robotique marine à l’université de Sydney, interrogé par le Guardian. L’implosion du Titan a probablement été instantanée, à peine quelques millisecondes. Le navire aurait été déchiré si rapidement que les passagers n’ont sans doute pas pu se rendre compte de quoi que ce soit.
D’énormes incertitudes sur la sécurité du Titan
De nombreux experts tombent d’accord pour dire que le sous-marin Titan, expérimental et non certifié, n’aurait jamais dû aller visiter le Titanic. Dès 2018, de sérieux doutes ont été mis sur la sécurité du submersible, par un employé d’OceanGate, David Lochridge — licencié de l’entreprise.
Tandis que la plupart des concepteurs de submersibles, opérant dans les mêmes conditions que le Titan, font certifier la conception de leur navire par une société de classification, OceanGate ne l’a pas fait pour le Titan. Stockton Rush, le CEO d’OceanGate, qui a péri à bord du submersible, savait d’ailleurs que la conception du sous-marin « enfreignait certaines règles ».
Malgré cette absence de certification, le Titan était libre de toute gouvernance par les réglementations d’un seul pays, car il opérait dans les eaux internationales. C’est pourquoi il a pu se lancer dans cette expédition dangereuse vers le Titanic, malgré les mises en garde.
Une coque en carbone et un système de sécurité douteux
On sait que la coque du Titan était composée de fibre de carbone et de titane. Or, « il est extrêmement compliqué de concevoir et d’évaluer structurellement ces matériaux, par rapport à un matériau métallique uniquement », indique Eric Fusil, professeur associé à l’université d’Adelaide, architecte naval, dans un article de The Conversation. C’est pour cela qu’OceanGate avait équipé le Titan d’un « système de surveillance en temps réel de la coque ». Tout en reconnaissant que « ce système de sécurité innovant n’est couvert par aucune agence de classification.»
Il semblerait que le système reposait sur un ordinateur envoyant des signaux acoustiques à travers la coque, pendant la descente, pour détecter des signes de faiblesse. À intervalles réguliers (toutes les heures), le sous-marin devait cesser sa descente et l’ordinateur devait prendre ces mesures. En cas de problème, le Titan n’avait alors qu’à remonter. Sachant cela, on peut donc imaginer que le système de surveillance n’a pas fonctionné comme prévu ; ou qu’il a fonctionné, mais que le Titan n’a pas pu remonter à temps.
La dramatique explosion du Titan rappelle une dure réalité : explorer les profondeurs des océans est aussi complexe qu’explorer l’espace. Dans la profondeur abyssale des océans, la résistance des matériaux d’un submersible est une question de survie.
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