Une « super Lune du cerf » serait annoncée ce lundi 3 juillet 2023, comme un phénomène astronomique spectaculaire et très rare. Ce surnom de Lune est certes poétique, mais il n’a aucun sens en astronomie. Malgré les prévisions d’une Lune plus grande et plus brillante que d’habitude, il ne faut en réalité s’attendre à rien d’autre qu’au beau spectacle d’une pleine Lune, comme chaque mois.
Si la Lune semble plus grosse, c’est à cause de l’illusion lunaire
La Lune a bien une petite particularité intéressante le 3 juillet 2023. En plus d’être pleine, ce qui est fréquent, il se trouve qu’elle est assez basse sur l’horizon. Cela peut donner l’impression que la Lune est plus grosse que d’habitude. Pourtant, elle ne change pas réellement de taille : c’est ce que l’on appelle l’illusion lunaire. Il suffit d’ailleurs d’une astuce toute simple pour le vérifier : utiliser ses mains. Le bras tendu, on constate aisément que le petit doigt suffit à cacher la Lune, qu’elle soit très haute dans le ciel ou plus proche de l’horizon.
L’origine du phénomène n’est pas complètement élucidée, mais il y a au moins une certitude : ce n’est pas la Lune qui change de taille. Selon une hypothèse, c’est le fait que la Lune soit plus proche d’éléments de notre quotidien (les bâtiments, les arbres) qui donne l’impression qu’elle est plus grosse. Sans ces points de repère, la Lune semble au contraire plus petite.
Mais non, la Lune n’est pas plus « super » que d’habitude
Pour les astronomes, l’expression « super Lune » ne veut rien dire. Le fait que la Nasa utilise souvent cette expression a contribué à la populariser et à faire croire qu’un phénomène incroyable est sur le point de se produire. L’agence spatiale américaine précise elle-même que l’expression n’a pas une origine scientifique, mais qu’elle provient de l’astrologie. La « super Lune » est une invention de l’astrologue Richard Nolle en 1979. Or, l’astrologie n’est pas une science : elle consiste à interpréter symboliquement les positions et les mouvements des corps célestes. D’ailleurs, le ciel astrologique ne correspond pas au ciel astronomique.
C’est le périgée-syzygie : qu’est-ce que ça veut dire ?
La « super Lune » sert en réalité à désigner ce que les astronomes ont appelé le « périgée-syzygie ». Ce nom un peu compliqué désigne le moment où deux phénomènes coïncident à peu près :
- Le périgée : le moment où la Lune est à sa distance minimale avec la Terre. Lorsque la Lune tourne autour de la Terre, son orbite est globalement circulaire, mais il y a une légère variation de distance. Au périgée, la Lune se trouve à environ 363 300 km de la Terre ; au contraire, à l’apogée, elle est à environ 405 500 km de la Terre. Toutefois, on ne s’aperçoit de rien : les variations du diamètre apparent de la Lune sont imperceptibles à l’œil nu.
- La syzygie : le moment de la pleine Lune, lorsque la Lune et le Soleil sont en opposition par rapport à la Terre. La face visible de la Lune est alors entièrement éclairée par le Soleil.
La pleine Lune est prévue le lundi 3 juillet à 13h38 exactement. Quant au prochain périgée de la Lune, il est attendu le mercredi 5 juillet à 0h25, avec une distance de 360 148 km. On peut donc bien parler de périgée-syzygie (et non de « super Lune »), même si les phénomènes ne se produisent pas précisément en même temps.
Et cette « pleine Lune du cerf », d’où sort-elle alors ?
Pas plus que la « super Lune », l’expression de « pleine Lune du cerf » ne désigne pas un phénomène astronomique. Il s’agit en fait d’un emprunt culturel, à une tradition nord-américaine issue des Amérindiens. Des noms de Lune étaient associés à chaque mois lunaire (et non pas au seul moment de la pleine Lune). Puis, dans les années 1930, ces noms ont été repris dans The Old Farmer’s Almanac (« L’Almanach du vieux fermier »), un périodique américain populaire publié depuis le 18e siècle.
Pour le mois de juillet 2023, le périodique parle de « Full Buck Supermoon », soit « la super pleine Lune du cerf ». « La pleine Lune de juillet est appelé la Lune du cerf parce que les bois des cerfs mâles sont en pleine croissance à ce moment-là. Les mâles perdent leurs bois qui repoussent chaque année », résume la publication.
Ces surnoms sont poétiques et ne sont pas, en eux-mêmes, un problème. Néanmoins, le fait qu’une agence spatiale ou des médias reprennent ces expressions sans les contextualiser entretient une confusion entre ce qui relève de la science et ce qui relève de traditions culturelles. Cela donne l’impression qu’un phénomène aussi rare qu’une éclipse survient, alors qu’il faut rester plus mesuré : c’est une belle pleine Lune, rien de plus.
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