La fondation Abbé Pierre a rendu public le 23 juin 2023 un nouveau rapport sur le mal logement en été. Résultat : ce sont les Français les moins aisés qui sont les plus éprouvés par les vagues de chaleur dans leurs habitations.

La France a connu en 2022 des températures records, en faisant l’année la plus chaude. Face à des conditions caniculaires en été, difficile de rester au frais dans son appartement ou sa maison, surtout pour les plus pauvres. Comme l’explique la fondation Abbé Pierre, qui a pour mission de permettre à toutes et à tous d’accéder à un logement décent, dans un rapport paru le 23 juin 2023, la précarité énergétique n’a pas uniquement une incidence l’hiver.

Graphique de l'évolution du nombre de records de température. Capture d'écran Numerama. // Source : Météo France
Graphique de l’évolution du nombre de records de température. // Source : Météo France, capture d’écran Numerama

À cause des passoires énergétiques, c’est-à-dire des logements mal isolés et qui consomment beaucoup trop d’énergie, de nombreuses personnes ne parviennent plus à rafraichir leur intérieur. Ce phénomène est aggravé par le changement climatique, qui conduit à des vagues de chaleur de plus en plus récurrentes. D’après la fondation, « en 2022, 59 % des Françaises et des Français déclaraient avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures ».

Les plus modestes sont les plus touchés par la chaleur

Et, le rapport est sans appel : les Français issus de milieux modestes sont bien plus confrontés à la chaleur et à ses conséquences dans leur logement que les autres. « Les Français habitant en appartement ressentent davantage la chaleur que ceux habitant en maison : 48 % contre 31 %. » Ce sont les quartiers populaires qui sont particulièrement touchés : selon une étude d’Harris Interactive datant de 2022, il ferait trop chaud l’été dans 70 % des logements des quartiers prioritaires de la ville, contre 56 % pour le reste de la population.

« À chaque canicule, on vit un confinement bis.
On est comme pris au piège, coincés
dans nos logements totalement inadaptés
à ces chaleurs. »

Viviane, habitante d’Aubervilliers et mère d’une fille de 3 ans
(propos rapportés par L’Obs). Source : rapport de la fondation Abbé Pierre

En raison du manque de végétation, de la concentration de bâtiments et de la bétonisation, les villes, et en particulier les quartiers prioritaires, voient l’apparition d’îlots de chaleurs urbains. Ceux-ci conduisent à l’augmentation des températures, de jour comme de nuit. Ce sont, selon la fondation Abbé Pierre, en majorité les classes populaires qui y habitent. Le rapport interpelle sur le fait que « les vagues de chaleur tuent d’abord les populations précaires urbaines, du fait de leurs conditions de vie et de logement ».

Le béton stocke la chaleur et la libère la nuit. Source: Pexels // Source : Pexels
Le béton stocke la chaleur et la libère la nuit, limitant le refroidissement de l’air. // Source : Pexels

Un enjeu de santé

L’excès de chaleur n’est pas seulement désagréable, il peut aussi être dangereux pour notre santé, entrainant même la mort dans certains cas. Plus nous avons chaud, plus notre corps utilise de l’énergie pour tenter de réguler notre température à 37 degrés. Comme l’indique la fondation, cette situation rend notre sommeil moins bon, favorise les maladies notamment cardiaques et rénales ou encore la déshydratation.

C’est d’ailleurs ce qui s’est produit lors de la canicule de 2003, entrainant la mort de 15 000 personnes de plus que ce qui était estimé pour cette période, surtout dans les grandes agglomérations. Là encore, le rapport rappelle que ce sont les populations précaires et urbaines qui en ont le plus souffert. « Pendant la canicule de 2003, le fait d’habiter dans un quartier soumis au phénomène d’îlots de chaleur urbains durant plusieurs jours multipliait le risque de décès par deux, et le fait de dormir dans une chambre sous les toits par quatre. »

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