S’il est possible de recycler sa vieille machine à café ou son téléphone, recycler ses godes ou ses boules de geishas reste compliqué. Classés pourtant dans la catégorie « petit électroménager », ils devraient donc, en théorie, pouvoir être recyclés au même titre qu’une bouilloire électrique. En théorie seulement. Car en pratique, vouloir allier écologie et sextoys n’est pas chose aisée.
Au sein du groupe Darty, par exemple, la question du recyclage des sextoys met mal à l’aise. « On ne va pas vérifier ce que vous mettez dans les bornes de recyclage », raconte le service communication avant de tenir à souligner que, « en tout cas, ce que je peux vous affirmer avec certitude c’est que nous ne les reprenons pas pour le marché de l’occasion à Darty.» Ça, on s’en doutait un peu. Il est aussi possible de se rendre dans une déchetterie près de chez soi pour espérer offrir une seconde vie à son joujou préféré.
En supermarché, mais pas en recyclage
Cet impensé du recyclage s’explique en grande partie à cause de l’image, encore sulfureuse, que peuvent avoir les sextoys. Et cela même si les sexshops ont été remplacés par des loves stores et qu’il est même possible d’acheter certains godes à Monoprix, depuis 2015.
À ce jour, si l’on peut trouver des toys assez facilement, pour l’heure, seule une entreprise semble s’être lancée dans la récolte de godes et de canards vibrants dans ses boutiques : l’entreprise Passage du Désir, en partenariat avec Ecosystem. Depuis 2019, il permet à certains sextoys de devenir du mobilier de jardin ou des pare-chocs. Dans un post Instagram, l’entreprise explique où et comment ramener son petit canard. « Nous avons eu beaucoup de mal à monter ce dispositif » raconte Patrick Pruvot, président fondateur du groupe. « Il a fallu plaider pour mettre en place cette filière et nous avons dû démontrer qu’un vibro pouvait être assimilé à du petit électroménager.»
Si le recyclage des sextoys n’est déjà pas très développé, en dehors des vibros, le recyclage de nos joujoux sans moteur n’est à ce jour pas possible. Ou alors… D’une autre manière. Pour vos godes en silicone, vous pouvez leur offrir une seconde vie en les transformant en objets de décoration, par exemple en les transformant en lampe ou en porte-manteau.
Impossible aussi de mettre un gode en verre avec les bouteilles de bière dans la poubelle recyclage. Zuki, l’autrice du blog Gode Save the Queen explique que verre utilisé est du borosilicate. Celui-ci est conçu pour être chauffé, mais aussi pour durer. Ce type de verre est résistant à tous les chocs et à tous les orgasmes, mais ne se recycle pas. En revanche, sa fabrication est peut-être moins polluante que pour un gode en silicone.
Une lente prise de conscience
Côté marque aussi, la prise de conscience est timide. Les sextoys écolos commencent à apparaître, même si cela reste un marché de niche. Le sextoy Gaya de Blush est l’un des premiers faits en matériaux recyclés et biodégradables. Son prix ? Une quinzaine d’euros. Womanizer aussi s’est lancé dans une version biodégradable de son sextoy fétiche, mais pour 189 euros. Fabriqués à partir de matériaux naturels comme l’amidon de maïs, ils peuvent être recyclés sans difficulté. Une fois la batterie et le circuit imprimé retirés, ces sextoys peuvent être placés dans la poubelle de tri.
Ohhcean a aussi lancé une gamme à partir de déchets de plastiques récupérés dans les océans, pour une gamme de prix allant de 45 à 80 euros. Autre possibilité, se tourner vers des sextoys durables en pierre, en inox ou bien en bois. Bobtoys en a fait sa spécialité. Sur mesure ou personnalisable, l’entreprise vosgienne fabrique des godes uniquement en bois aux noms prometteurs.
Enfin, dernier conseil pour allier écologie et plaisir : prenez des toys de bonnes qualités, qui vont durer dans le temps. Car, « contrairement aux jouets pour enfant, les jouets pour adulte n’ont pas de législation propre côté fabrication et les matériaux utilisés peuvent varier d’un produit à l’autre », souligne Alicia, fondatrice du sexshop féministe Lytta à Marseille. « Selon la qualité du silicone, déjà cela peut être dangereux pour la santé mais en plus ces sextoys de mauvaise qualité ne durent pas dans le temps et ne sont pas recyclables.»
Si financièrement cela est possible pour vous, optez donc pour des boules de geisha de qualité. Vos muqueuses vous remercieront et la planète aussi : chaque année l’industrie des jouets érotiques représente 108 000 tonnes de plastique produites, dont seule une infime partie est recyclable.
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