Le premier test du Starship en conditions réelles avait lourdement endommagé le pas de tir de SpaceX. Pour le prochain essai, un mur d’eau est prévu. Il a été testé mi-juillet.

On ignore encore exactement quand aura lieu le nouveau test de la fusée Starship dans sa version complète, mais on a désormais un bon aperçu des modifications apportées au pas de tir pour résister à l’allumage des moteurs. Une vidéo tournée par NASASpaceflight le 18 juillet montre en effet un essai partiel d’un « mur d’eau » sous le socle en béton sur lequel repose le lanceur avant le décollage.

Cette expérimentation, qui n’a vraisemblablement pas mobilisé la pleine puissance des jets installés par SpaceX autour de la zone de lancement, dure quelques secondes et projette plusieurs centaines de milliers de litres d’eau sous le support. Cette paroi liquide s’élève à quelques dizaines de mètres de hauteur et retombe largement autour du pas de tir. Ce système de déluge, testé pour la première fois au profit du Starship, devrait être suivi d’autres essais.

Protéger l’aire de lancement lors du décollage

Ce mur d’eau fait partie des changements opérés par SpaceX depuis le premier test en conditions réelles du Starship, ce printemps. D’après un commentaire d’Elon Musk le 24 juin, rapporté par Space.com, l’entreprise américaine spécialisée dans l’aérospatial a procédé à plus d’un millier de rectifications en prévision du prochain vol. Outre l’engin lui-même, des corrections ont également été effectuées au niveau de la base elle-même.

Cette paroi d’eau en fait partie. Son rôle vise à contenir la chaleur extrême dégagée par les 33 moteurs fusées Raptor qui se trouvent sous le Super Heavy, le surnom donné à l’étage principal du Starship. L’étage supérieur, qui porte le même nom que la fusée, dispose aussi de 6 moteurs fusées Raptor, mais il n’est pas nécessaire de prévoir les mêmes protections lorsqu’ils sont allumés : ceux-ci ne sont enclenchés qu’en vol, dans la haute atmosphère, loin de tout.

Le déluge d’eau est un dispositif habituel des plateformes de lancement. En plus d’absorber la chaleur provoquée par la mise en route de la propulsion (l’intensité des flammes vaporise d’ailleurs une partie de cette masse liquide, la transformant en immense panache blanc), ce mur sert de rempart acoustique. Le démarrage des moteurs engendre une onde de choc qui est susceptible de dégrader aussi bien le lanceur que le pas de tir.

Autre changement qu’Elon Musk avait évoqué fin juin : la consolidation du socle sur lequel repose le Starship. Le fondateur de SpaceX indiquait que près de 1 000 mètres cubes de béton renforcé à haute résistance étaient coulés sur le support. Celui-ci avait subi des dommages considérables lors du tout premier test le 20 avril. Des débris avaient été projetés très loin, marquant les esprits et questionnant sur la manière de faire de l’entreprise américaine.

Starship étage supérieur
L’intense allumage de la fusée Starship — et pourquoi il faut des dispositifs pour absorber la chaleur et l’onde de choc. // Source : SpaceX

Les parois d’eau ne sont pas les seuls systèmes que l’on peut retrouver sur un pas de tir pour encadrer le décollage d’un lanceur — et éviter une destruction partielle ou totale des installations à chaque vol. On peut croiser des carneaux, sortes de tunnels dont le rôle est d’orienter et d’évacuer les jets des moteurs fusées. Il y en a, par exemple, sur le pas de tir d’Ariane 6. On peut également voir des déflecteurs, qui servent aussi à encaisser et canaliser la propulsion.

De façon surprenante, ces différents éléments étaient absents lors du tout premier essai du Starship, malgré l’expérience désormais importante que SpaceX a accumulé en matière d’aérospatiale. Cela a en partie desservi la société, qui a dû remettre en état sa plateforme de lancement, et qui doit désormais composer avec des groupes environnementaux, mécontents que le test organisé en avril n’a visiblement pas été suffisamment sécurisé.

Plusieurs faiblesses dans la conception du Starship ont par ailleurs été relevées lors du vol, ce qui aujourd’hui préoccupe la NASA. En interne, on se demande si SpaceX arrivera à livrer une fusée fonctionnelle à temps, fiable et intégralement testée. En principe, le Starship doit être mobilisé fin 2025 pour déposer des astronautes sur la Lune, dans le cadre de la mission Artémis III. La réussite du deuxième essai, attendu cet été, déterminera beaucoup la suite du calendrier.

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