Nous allons probablement entrer dans l’ère du tourisme spatial. Ce qui signifie qu’en basse atmosphère, dans les stations qui accueilleront cette population humaine, les relations sociales y seront importées. Parmi elles, quid de l’amour ? Voilà qui amène une question sociologiquement inévitable : le sexe dans l’espace.
Ce n’est pas si absurde. Une équipe de recherche s’est penchée sur la question des conséquences d’une sexualité qui s’exporterait dans l’espace. « Compte tenu du fait que les voyages dans l’espace ne sont plus réservés aux astronautes professionnels, des diverses motivations des touristes spatiaux et des développements à venir en matière d’engins spatiaux, nous avons conclu que les relations sexuelles dans l’espace auront probablement lieu au cours des dix prochaines années », écrit David Cullen, l’un des auteurs, dans un papier de juillet 2023 pour The Conversation.
Les effets de l’espace sur le corps posent question
Selon ces chercheurs, qui en ont publié une étude en accès libre, cela pourrait poser un problème. Celui-ci ne viendrait pas des relations en elles-mêmes, mais des conséquences possibles de relations hétérosexuelles non protégées dans ce contexte : la conception. Le souci se pose d’un point de vue purement biologique, à savoir que l’environnement spatial a des effets complexes — et pas encore parfaitement connus dans leur totalité — sur le corps humain.
« Après des décennies de vols spatiaux habités, nous savons déjà que l’apesanteur et les niveaux élevés de rayonnements ionisants ont un effet profond sur notre corps. Nous ne savons pas comment cela affectera les processus physiologiques de la reproduction », explique ainsi David Cullen.
Par exemple, on sait que notre sang n’aime pas l’espace : les globules rouges sont détruits en accéléré en microgravité. Cela induit aussi une perte de masse osseuse, et des difficultés musculaires (après plusieurs mois dans l’ISS, il faut réapprendre à marcher). Il y a aussi des effets sur le cerveau, lequel peut mettre plusieurs années à s’en remettre.
Mais il y a aussi un début de recherche — très préliminaire — sur la reproduction dans l’espace. En construisant un mini incubateur, une étude s’est penchée sur la viabilité des embryons chez les souris. Les auteurs relevaient le développement embryonnaire était atteint négativement, avec des défauts génétiques, notamment.
Cette étude ne suffit pas à en tirer des conclusions pour l’humanité, puisqu’aucun travail aussi spécifique n’a été conduit. « Nous pouvons supposer qu’il y aura des effets », estime David Cullen. « Il existe donc un risque inconnu d’anomalies du développement chez les embryons humains conçus dans l’espace. » L’apesanteur pourrait par ailleurs provoquer des grossesses extra-utérines (la fixation de l’embryon en dehors de l’utérus).
« Même si les touristes de l’espace utilisent des moyens de contraception, nous ne pouvons pas être sûrs qu’ils seront aussi efficaces en dehors de la planète Terre. Aucune étude n’a été réalisée sur la manière dont les contraceptifs sont affectés par les environnements spatiaux », ajoute David Cullen.
De fait, ce sujet encore peu abordé dans l’industrie spatiale — probablement, car il semble encore lointain — pourrait, selon lui et ses coauteurs/coautrices, créer des soucis médicaux, des problématiques éthiques et des litiges juridiques. « L’industrie du tourisme spatial et les autres parties concernées devraient se réunir d’urgence pour discuter de ces questions et formuler une stratégie visant à protéger toutes les personnes impliquées. »
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