À défaut de pouvoir partir à la campagne tous les weekends, vous avez transformé votre appartement en véritable écrin de verdure. Des plantes en pot se côtoient et font vriller vos étagères, qui supportent déjà mal le poids des livres que vous ne lirez jamais.
Un endroit échappe à cette avalanche : la chambre. L’idée de vous intoxiquer avec le CO2 qu’elles rejettent la nuit vous empêche d’ajouter un ficus ou des fougères dans cette pièce. Est-ce une croyance populaire ou un fait vérifié ? La rédaction de Numerama s’est penchée sur la question.
Comment fonctionnent les plantes ?
On ne va pas vous faire un cours de SVT (Sciences et vie de la Terre). Promis. Mais pour comprendre si dormir avec des plantes peut être toxique, on va devoir revenir (brièvement et de façon claire) sur le fonctionnement des plantes.
Des chercheurs de l’université d’Australie-Occidentale se sont penchés sur la question. Leurs conclusions ont été publiées l’an passé dans la revue Nature Plants (en anglais). Leurs travaux ont porté sur la manière dont les plantes aspirent du CO2, quelle quantité et comment elles décident de le relâcher.
« Chaque élève apprend la photosynthèse, le processus par lequel les plantes utilisent la lumière du soleil, l’eau et le dioxyde de carbone pour créer de l’oxygène et de l’énergie sous forme de sucre », explique Harvey Millar, l’auteur principal de cette étude.
Via ses feuilles, une plante absorbe du gaz carbonique, et via ses racines de l’eau et des minéraux. Grâce au soleil, ce mélange va fabriquer du glucose et permettre à la plante de grandir. Le surplus d’oxygène, elle va le libérer dans l’atmosphère. La plante va aussi stocker du CO2.
Une « décision secrète »
Mais jusqu’à présent, les chercheurs ne comprennent pas pourquoi les plantes libèrent plus ou moins de CO2. À travers cette recherche, ils ont découvert que les plantes pouvaient contrôler la quantité de carbone qu’elles stockent.
Cette « décision secrète » est un phénomène qui se produit juste avant la transformation du CO2 en glucose (pour simplifier). C’est-à-dire que la plante arrive à savoir la quantité qu’elle reçoit et qu’elle est capable de prendre la décision de libérer du CO2 ou alors de le transformer pour grandir.
Pour revenir un peu en arrière, à sa création la Terre n’était pas respirable. « Ce sont des bactéries, il y a 3,5 milliards d’années, puis des végétaux, il y a 2,5 milliards d’années, qui ont libéré l’oxygène contenu dans le CO2 et ont créé le volume de dioxygène si précieux au grand cycle de la vie sur Terre, rappelle un article de Ouest France. […] L’homme a brutalement bouleversé l’équilibre des gaz en injectant dans l’atmosphère la masse de carbone qui était emprisonnée dans le charbon, le pétrole et le méthane. » De fait, l’activité humaine aurait modifié l’équilibre de certaines plantes qui sont désormais envahies de CO2.
Pourquoi elles rejettent du CO2 la nuit ?
Maintenant, toute la question est de savoir pourquoi les plantes rejettent plus de CO2 la nuit qu’en plein après-midi. On y arrive. On a vu que pour mettre en place la photosynthèse, une plante avait besoin de lumière.
Dès lors qu’il n’y a plus de lumière (naturelle ou artificielle), la plante va respirer comme n’importe quel autre être vivant. C’est-à-dire qu’elle va aspirer de l’oxygène et libérer du CO2. La quantité rejetée va dépendre de la plante, de son cycle de vie et aussi de sa « décision secrète ».
Alors comment savoir quelle quantité de CO2 une plante va rejeter la nuit ? À ce sujet, il n’est pas simple de trouver des sources fiables. Les chiffres sont soit en ordre de grandeur, soit en comparaison avec d’autres espèces vivantes.
Le rôle de la chaleur
Néanmoins, en 2017, une étude du Centre for Ecology and Hydrology de Wallingford, aux Royaume-Uni est publiée dans la revue Nature Communications (lien en anglais).
« Pour l’instant, le gain de carbone grâce à la photosynthèse est supérieur aux émissions dues à la respiration végétale, expliquait alors Chris Huntingford. Mais notre préoccupation est que la respiration est fortement dépendante de la température. Au fur et à mesure que la planète se réchauffe, la respiration pourrait éventuellement dépasser la photosynthèse. »
Oui vous avez bien lu. En plus du fléau de la déforestation, les arbres pourraient devenir toxiques pour les êtres humains si la température de la Terre augmentait trop.
En résumé, aujourd’hui, sur l’ensemble de leur cycle, globalement, quelle que soit l’espèce végétale en question, les plantes rejettent beaucoup moins de CO2 qu’elles n’en absorbent. En d’autres termes, pour l’instant vous pouvez dormir avec une plante dans votre chambre, mais si la température globale de la Terre augmente de façon drastique, il est possible que cela ne soit plus envisageable.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.