Celles et ceux qui ont visité Pompéi restent marqués par cette ville figée dans le temps, depuis l’éruption historique du Vésuve en l’an 79. Les éjectas volcaniques (centres, roches…) ont détruit la ville, ce qui a conduit à une catastrophe humaine — 3 000 morts selon les estimations historiques et archéologiques.
Les causes exactes de la mort des habitants font l’objet de plusieurs études scientifiques. Bien qu’il soit évident que l’éruption en est la cause (les éjectas contenaient des roches, des cendres, souvent brûlants), l’objectif de ces travaux est de comprendre plus spécifiquement quels aspects de celles-ci ont provoqué la mort. Une nouvelle étude, parue ce 23 août 2023, apporte de nouveaux éléments très concrets, avec une conclusion importante concernant plus particulièrement les « moulages » de certaines victimes.
« Les études sur la cause du décès de ces victimes n’ont pas été concluantes », constate de prime abord cette publication. Si l’on sait qu’une partie des habitants sont morts à cause de chutes de débris ou encore de brûlures, une autre partie des habitants semble avoir vécu une mort plus « calme », en position couchée notamment, qui intrigue les scientifiques. Selon les auteurs, l’un des obstacles a été le choix, fait à la fin du 19e siècle, de couler plusieurs corps — dont il restait des squelettes — dans du plâtre. C’est ce qui a conduit à une altération biochimique des restes : « L’utilisation de plâtre comme consolidant a considérablement affecté les profils élémentaires de certains os moulés analysés. »
L’asphyxie s’ajoute aux causes de décès
Les auteurs de cette étude ont mobilisé une technique d’analyse chimique : la spectrométrie de fluorescence des rayons X. Les squelettes moulés dans le plâtre ont été bombardés de rayons X. En réponse, la matière réémet à son tour de l’énergie, dont des rayons X. Le spectre de ces rayons X réémis par la matière est révélatrice de sa composition chimique. C’est une technique qui a l’avantage d’être non-invasive, non destructrice.
En l’occurrence, les auteurs ont pu, grâce à cela, détecter les concentrations de phosphore et de calcium altérées dans certains os. Grâce à cela, ils ont identifié les ossements ayant été les moins altérés, justement, par le plâtre. Ces ossements ont ensuite été analysés de manière plus approfondie. Notamment en les comparant aux restes d’autres personnes mortes à Pompéi, dont les causes de la mort étaient plus évidentes.
Résultat : l’asphyxie se confirme, dans cette étude qui exclut par ailleurs une mort par brûlure directe ou due à la chaleur. Et pour cause, « l’exposition humaine aux cendres fines, même à une faible concentration de particules, ne peut être tolérée que pendant quelques minutes », écrivent les auteurs. Or, l’atmosphère s’est rapidement chargée d’une fumée remplie de cendres.
Mais il faut surtout retenir que plusieurs causes de décès se sont combinées lors de la catastrophe. « L’hypothèse que nous avons élaborée pour la cause du décès ne s’applique qu’au contexte étudié. Il est probable que cette éruption catastrophique ait tué les gens de différentes manières », précise l’étude. Car il faut rappeler que la région touchée par l’éruption de Vésuve était immense, tout comme l’éruption elle-même. Les causes de la mort sont autant de l’asphyxie que des fractures liées à des roches, ainsi que des brûlures (liées à des cendres et objets brûlants, davantage qu’à de la lave).
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