La Nasa est enfin prête à présenter ses échantillons de l’astéroïde Bennu. Il a fallu attendre plus de 2 semaines, depuis le retour de la capsule d’OSIRIS-REx sur Terre. Pourquoi si longtemps ?

Le grand jour est arrivé : la Nasa révèle le contenu de ses échantillons d’astéroïde au monde entier ce mercredi 11 octobre 2023, à partir de 17h. C’est un grand moment pour l’agence spatiale et les scientifiques qui vont enfin découvrir à quoi l’astéroïde Bennu ressemble de plus près. Il a fallu 7 ans à la mission spatiale OSIRIS-REx pour rapporter sur Terre ces prélèvements.

La capsule de retour d’échantillon s’était posée dans le désert de l’Utah le 24 septembre 2023. Plus de 2 semaines se sont donc écoulées entre la livraison des échantillons sur Terre et le jour prévu de leur ouverture. Pourquoi la Nasa a-t-elle tant attendu ? Il faut bien comprendre que réceptionner un colis venu de l’espace n’a rien à voir avec la récupération d’un colis dans une boîte aux lettres. Ouvrir la capsule d’OSIRIS-REx en hâte et sans aucune précaution reviendrait tout simplement à gâcher la mission et les nombreux efforts de la Nasa pendant toutes ces années.

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Pourquoi la Nasa n’a toujours pas ouvert les échantillons extraterrestres ? (OSIRIS-REx) #espace #nasa #numerama

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De l’azote au menu pour les échantillons de la Nasa

Une fois la capsule d’OSIRIS-REx posée sur Terre, de nombreuses étapes attendaient les équipes qui s’y étaient préparées depuis longtemps. Les échantillons de l’astéroïde Bennu ne sont pas dangereux. En revanche, il y a bien un risque à les manipuler : celui de les contaminer avec l’environnement terrestre. Tout l’intérêt d’OSIRIS-REx est d’avoir collecté des morceaux d’un astéroïde dans l’espace, soit dans leur environnement originel. On doit donc les conserver dans les mêmes conditions que celles qui existaient pour Bennu (sinon, autant se contenter d’une météorite).

C’est pour cela que la Nasa a pulvérisé de l’azote sur les morceaux d’astéroïde juste après la récupération de la capsule. Faire « baigner » les prélèvements dans ce gaz inerte garantit que les 250 g de roches et poussières restent « purs ». La purge des échantillons à l’azote était d’autant plus délicate et chronophage qu’elle a dû être menée continuellement pendant le transport des échantillons. Une fois posée dans l’Utah, la capsule a été préparée pour un voyage en avion, afin de l’emmener dans le Texas, au Centre spatial Lyndon B. Johnson.

À travers la boîte à gants, des manipulations lentes et délicates

Sur place, les multiples précautions de la Nasa n’ont pas cessé. Certes, les échantillons ont été installés dans un laboratoire conçu spécialement pour eux. Mais, dans cet endroit, les scientifiques sont séparés des échantillons. Les bouts d’astéroïde sont installés dans une boite en verre (pour éviter tout risque de contamination), dont les seules « ouvertures » sont des gants spéciaux que les équipes enfilent pour faire leurs manipulations. On imagine sans peine que leurs mouvements doivent donc être précautionneux et lents.

Il faut ajouter à cela que les prélèvements de l’astéroïde étaient très bien enfermés, ce qui allonge forcément le temps nécessaire pour les atteindre. À Houston, les équipes ont d’abord dû ouvrir une première boîte, renfermant le compartiment de collecte d’OSIRIS-REx. Ils ont été surpris de voir s’échapper une poussière noire, alors même que le compartiment principal restait scellé. Cette situation s’explique en fait aisément. En 2020, lorsque OSIRIS-REx a touché Bennu dans l’espace, la Nasa avait constaté que la mission avait collecté bien plus de matériaux que prévu. Une partie des échantillons menaçait même de s’échapper dans l’espace. Tout s’était bien fini, les échantillons d’OSIRIS-REx avaient été mis en sécurité. La poussière découverte à l’ouverture est sans doute une conséquence de cet événement.

Représentation de l'instrument TAGSAM. // Source : NASA/Goddard/CI Lab
Représentation du compartiment de collecte dans l’espace, lors du contact avec Bennu. // Source : NASA/Goddard/CI Lab

Après l’ouverture de ce premier contenant, les scientifiques ont dû procéder à l’extraction du compartiment de collecte de l’échantillon. Il était prévu de le placer dans un autre conteneur de transfert pendant quelques heures, toujours baigné d’azote, puis de l’installer dans une nouvelle boîte à gants. Il s’avère que ces étapes ont été vraisemblablement ralenties, car la Nasa a eu un problème inespéré : ses échantillons débordent. C’est une bonne nouvelle, car cela confirme que la mission en a collecté énormément. Mais, cela implique de prendre plus de temps pour tout ouvrir.

À l’issue de ce long processus de déballage, et après de premières surprises prometteuses, la Nasa semble désormais être en mesure de montrer enfin de premières images de ses échantillons ce 11 octobre. On ignore encore ce que l’on verra exactement. En attendant, on peut regarder les images d’une précédente mission pour l’imaginer : en 2020, le Japon présentait ses propres échantillons collectés sur un astéroïde, Ryugu.

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