Le sujet est politiquement sensible, tant il expose les vulnérabilités de l’Europe spatiale. Il explique aussi la relative discrétion du secteur quant à la suite des lancements des satellites Galileo, qui composent la constellation souveraine du Vieux Continent en matière de géolocalisation. Et pour cause : l’aide américaine sera nécessaire pour les tirs à venir.
Ce scénario noir pour l’autonomie spatiale européenne, qui flotte depuis des mois, se serait concrétisé ces jours-ci, selon une information du Wall Street Journal du 23 octobre. Le journal américain rapporte la signature d’un accord entre l’Agence spatiale européenne (ESA) et SpaceX pour effectuer deux vols en 2024. À bord, des satellites Galileo.
Le deal n’a pas encore été confirmé, car il faut encore l’imprimatur de la Commission européenne comme des États membres de l’Union, selon l’article. L’officialisation est censée se faire d’ici à la fin de l’année 2023. Le recours aux fusées de l’Américain, qui paraît inéluctable au regard de la situation des fusées européennes aujourd’hui, explique la relative discrétion autour de ce sujet.
Des fusées ? Quelles fusées ?
Le sombre panorama des lanceurs européens a déjà été maintes fois dressé : Ariane 5 est désormais à la retraite, car il n’y a plus d’autre exemplaire en réserve. Ariane 6 n’est toujours pas prête, avec un vol inaugural prévu en 2024. Soyouz, fourni par les Russes, est hors-jeu, en raison de la guerre en Ukraine. Quant à Vega-C, des pépins lui bouchent l’horizon jusqu’à l’an prochain.
En fait, seule la déclinaison précédente, Vega, est encore opérationnelle, mais elle n’est pas dimensionnée pour Galileo. C’est une fusée légère, et les lancements de satellites Galileo ont systématiquement été réalisés par une fusée Ariane V ou bien par un lanceur Soyouz, qui occupent les segments supérieurs. Avec le retard pris avec Ariane 6, il n’y a aucune option en stock.
Le trou capacitaire pour l’Europe spatiale, évoqué déjà en 2022, se matérialise désormais avec l’article du Wall Street Journal. Selon le journal, ce sont quatre satellites Galileo qui sont dans la balance. Ils doivent être envoyés deux par deux avec deux vols affrétés par SpaceX, via sa Falcon 9 — deux missions qui auraient dû revenir, sur le papier, à Ariane 6.
Autre motif de contrariété chez les Européens : si SpaceX est appelé à la rescousse, cela se fera forcément depuis le sol américain, là où sont les deux bases utilisées par le groupe pour ses missions commerciales. Or, hormis deux satellites tests envoyés depuis Baïkonour (Kazakhstan), c’est toujours le centre spatial guyanais qui a servi pour lancer Galileo.
Cette crise de l’Europe spatiale, qui se retrouve en situation de dépendance pour envoyer ses éléments de souveraineté et d’autonomie stratégique, devrait toutefois n’être que temporaire. Le trou capacitaire est censé se résorber dans quelques mois, avec les débuts opérationnels d’Ariane 6 et le retour aux affaires de Vega-C. C’est crucial pour la crédibilité spatiale européenne.
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