Les équipages de la Station spatiale internationale (ISS) peuvent y séjourner avec quelques effets personnels. Mais, les timbres sont interdits par la Nasa. Thomas Pesquet explique pourquoi dans son livre.

La plupart des astronautes en mission dans la Station spatiale internationale (ISS) y passent des mois. Ce ne sont pas des vacances, il y a beaucoup de travail, avec des journées organisées à la minute près. Malgré tout, ce n’est pas le bagne non plus : les agences spatiales autorisent des temps libres et permettent même aux équipages de ramener quelques effets personnels. Par exemple, des photos, des livres, un souvenir… Mais les timbres, c’est interdit.

C’est l’une des anecdotes étonnantes que l’on découvre en lisant le livre Ma vie sans gravité, paru le 18 octobre 2023, dans lequel Thomas Pesquet raconte sa carrière d’astronaute. Nous sommes alors en janvier 2016. L’astronaute français se prépare pour son premier voyage spatial, prévu en fin d’année. Il est temps pour lui de remplir sa valise, ou plutôt le « kit de 1,5 kilo » qui fera les trajets aller et retour avec lui. « J’y disposerai mes objets personnels, écrit-il. Je suis informé qu’il est interdit d’emporter une œuvre d’art signée, des devises sous une forme quelconque et… des timbres. »

Les deux premières interdictions peuvent se comprendre, mais les raisons de la troisième paraissent un peu plus obscures. Pourquoi ne peut-on pas s’adonner à la philatélie à ses heures perdues dans l’ISS ? La réponse tient dans une note de bas de page du livre de Thomas Pesquet : c’est à cause de « l’affaire des timbres d’Apollo 15 en 1971 ».

@numerama

Pourquoi les astronautes n’ont-ils pas le droit d’emporter des timbres dans l’espace ? #nasa #espace #astronautes #numerama

♬ son original – Numerama – Numerama

Apollo 15 et les timbres du scandale à la Nasa

Apollo 15 est l’une des missions de la Nasa qui a posé des humains à la surface de la Lune : David Scott, James Irwin et Alfred Worden (resté en orbite). La mission lunaire se passe bien et l’équipage remplit les objectifs scientifiques. Mais, un détail va énormément déplaire à la Nasa : les astronautes avaient emporté avec eux plus de 600 enveloppes timbrées, avec l’idée de les revendre une fois rentrés sur Terre. Certaines des enveloppes avaient été vendues par une société philatélique allemande, Hermann Ernst Sieger GmbH, si bien qu’on les a nommés depuis les enveloppes Sieger.

Une des enveloppes du scandale. // Source : Wikimedia/CC/The Flown Apollo 15 Sieger Covers
Une des enveloppes du scandale. // Source : Wikimedia/CC/The Flown Apollo 15 Sieger Covers

Un business juteux, mais dangereux. « Ils avaient tout de même reçu 7 000 dollars chacun (l’équivalent de 45 000 dollars aujourd’hui), raconte Thomas Pesquet. Scandale à la Nasa. Bien que n’ayant enfreint aucune règle formelle, ce sera la fin de leur carrière. »

À noter que ce n’était pas la première fois qu’une telle situation survenait. Dans une interview accordée au Smithsonian Magazine en 2011, l’astronaute Alfred Worden, impliqué dans l’affaire, était revenu sur le sujet des cartes postales si scandaleuses. « Un incident similaire s’était produit l’année précédente, lorsque l’équipage d’Apollo 14 avait prétendument passé un accord avec Franklin Mint [ndlr : un vendeur d’objet de collection] pour apporter des médaillons en argent dans l’espace. Mais, la Nasa a en quelque sorte aplani l’affaire, parce que l’astronaute impliqué était Alan Shepard (le premier Américain dans l’espace), qui était un peu plus célèbre que nous. Le gouvernement n’a jamais dit que nous avions fait quelque chose d’illégal, il a juste pensé que ce n’était pas de bon goût. »

À l’époque déjà, le New York Times avait rappelé les règles de la Nasa : les astronautes ont le droit d’emporter des objets personnels sur la Lune, tant qu’ils ne sont pas utilisés afin de gagner de l’argent. Les astronautes d’Apollo 15 ont tous les 3 été interdits de vol, après une convocation devant une commission sénatoriale.

Si l’on en croit le livre de Thomas Pesquet, l’astronaute français s’est bien gardé de prendre un tel risque. Lors de son premier séjour dans l’ISS, il raconte avoir glissé dans son kit des photos de ses proches, une ceinture noire de l’équipe de France de judo offerte par Teddy Riner, ses galons de pilote d’Air France ou encore la montre de son frère.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !

Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.