La Station spatiale internationale (ISS) est comme n’importe quelle maison : parfois, il faut en sortir pour faire un peu de bricolage et réparer l’habitacle. Dans un environnement aussi hostile que l’espace, les sorties ne s’improvisent pas. Les astronautes réalisent ce qu’on appelle des sorties extra-véhiculaires, où chaque étape est soigneusement planifiée des années à l’avance. Parfois, tout ne se passe pas comme prévu. L’une des pires craintes des astronautes est notamment de perdre un outil dans l’espace.
C’est malheureusement ce qui s’est passé le 1er novembre 2023. Les astronautes de la Nasa Jasmin Moghbeli et Loral O’Hara ont passé presque sept heures dans l’espace, afin de remplacer un mécanisme qui assure l’orientation des panneaux solaires de l’ISS vers le Soleil (afin d’alimenter la station en énergie). Les objectifs ont été remplis. Néanmoins, « au cours de l’activité, un sac à outils a été perdu par inadvertance », a indiqué la Nasa dans un communiqué.
Les astronautes sous pression de laisser échapper un outil dans l’espace
Beaucoup de dangers guettent les astronautes dans le vide spatial, mais leur plus grande hantise semble bien être l’incident qui vient d’arriver aux deux astronautes de la Nasa. Thomas Pesquet le raconte dans son ouvrage Ma vie sans gravité, publié le 18 octobre dernier. « Le gros risque qui nous met sous pression […] ce serait de laisser échapper un outil », écrit l’astronaute français. Il s’apprête alors à relater sa toute première sortie extra-véhiculaire, qui avait eu lieu le 13 janvier 2017.
Il poursuit : « Lancé sur la même orbite que la Station, un objet égaré peut vite devenir un ennemi très dangereux, provoquant une collision catastrophique. Pendant l’entraînement, les instructeurs ne cessent de nous mettre en garde à ce propos et de nous appeler à la plus grande prudence : tout doit être attaché ou retenu en permanence. »
Lors de la visite qu’avait effectuée Numerama autour de la piscine des astronautes de l’ESA à Cologne, qui sert à préparer les sorties dans l’espace, les instructeurs d’astronautes avaient aussi insisté sur ce point crucial.
Or, durant cette même première sortie dans l’espace en janvier 2017, Thomas Pesquet s’est fait une grosse frayeur. Pendant quelques instants, il a bien cru qu’il avait égaré son sac. On perçoit souvent les astronautes comme des monstres de sang-froid en toutes circonstances, mais la panique se ressent en lisant ses mots. « Soudain, pour un changement d’outil routinier, grosse frayeur : je cherche mon sac autour de moi et je ne le vois plus… Je l’avais pourtant posé ici temporairement, et bien arrimé à la main courante devant moi, j’en suis sûr… Non, non, ne me dites pas que je l’ai perdu ! »
Shane Kimbrought, l’astronaute de la Nasa qui accompagne Thomas Pesquet en dehors de la station, lui demande s’il a bien récupéré son outil. Le Français balbutie un « non pas encore », assorti de « battements cardiaques nettement accélérés », confie-t-il au lecteur. Où diable est passé ce sac ?
« Soudain, avec un énorme soulagement, je finis par l’identifier : il est bien attaché là où il devait être, mais un peu trop lâche, il est allé se nicher pile derrière une structure de la Station en flottant, et s’est coincé, là. Je le récupère, la sortie peut continuer. Ouf. C’est une leçon sur la vitesse à laquelle on peut passer de ‘tout va bien’ à ‘c’est la catastrophe’, en sortie. »
Où est passé le sac des 2 astronautes de la Nasa ?
Concernant le sac perdu par Jasmin Moghbeli et Loral O’Hara, il ne représente heureusement pas un grand danger. Les deux astronautes américaines ont sans doute été aussi soulagées que Thomas Pesquet de l’apprendre.
« Les contrôleurs de vol ont repéré le sac à outils à l’aide des caméras externes de la station. Les outils n’ont pas été nécessaires pour le reste de la sortie. Le centre de contrôle de mission a analysé la trajectoire du sac et a déterminé que le risque de contact avec la station était faible et que l’équipage et la station spatiale étaient en sécurité, sans qu’aucune mesure ne soit nécessaire », a indiqué la Nasa. Plus de peur que de mal.
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