Bien protégés dans leur scaphandre, les astronautes de l’ISS procèdent régulièrement à des sorties dans l’espace. Un fait peu connu est l’altération de leur voix dans le scaphandre. Thomas Pesquet explique pourquoi dans son livre.

Tous les repères sont chamboulés dans l’espace. Pour les astronautes, une mission spatiale est souvent l’occasion de découvrir quelques réalités surprenantes. Dans son livre Ma vie sans gravité, publié le 18 octobre 2023, l’astronaute français Thomas Pesquet raconte justement une foule d’anecdotes surprenantes sur la vie dans l’espace. Interdiction pour les astronautes d’emporter des timbres dans l’espace, lavement intestinal obligatoire avant le départ, hantise de perdre un tournevis en sortie extra-véhiculaire… et voix de canard.

C’est un petit détail de l’ouvrage, abordé rapidement par Thomas Pesquet, mais il n’est pas forcément connu. Cette anecdote est évoquée alors que l’astronaute est en train de raconter sa toute première sortie en dehors de la Station spatiale internationale (ISS), le 13 janvier 2017. Il s’aventure hors de la station avec l’astronaute Shane Kimbrough de la Nasa, découvrant pour la première fois les sensations procurées par le fait d’être dans le vide spatial : « Nous sommes extrêmement bien préparés aux sorties extra-véhiculaires, mais personne n’insiste sur à quel point ça fait peur ! »

Durant les sorties en dehors de l’ISS, les astronautes sont toujours par deux, et effectuent généralement des activités de maintenance de la station. Ils peuvent communiquer entre eux, en se parlant. C’est à cette occasion que Thomas Pesquet fait part de l’anecdote sur sa voix, étrangement altérée par le scaphandre : « La pression étant faible, j’ai une voix de canard, un peu comme lorsqu’on respire de l’hélium. »

Coin coin. // Source : Flickr/CC/Nasa Johnson (photo recadrée)
Thomas Pesquet avant une sortie dans l’espace. // Source : Flickr/CC/Nasa Johnson (photo recadrée)

Il faut faire baisser la pression dans le scaphandre, d’où la voix de canard

Il faut effectivement savoir que les astronautes respirent un air particulier dans leur scaphandre. Quelques pages plus tôt, Thomas Pesquet raconte pourquoi, alors qu’il est en train d’aider Peggy Whitson et Shane Kimbrough à se préparer pour leur propre sortie extravéhiculaire. « À bord de l’ISS, nous respirons le même air que sur Terre (composé principalement d’azote et d’oxygène) : la pression est de 1 bar quand, à l’extérieur, c’est le vide (et donc 0 bar). Avec une telle différence de pression, les scaphandres seraient à ce point gonflés et rigidifiés qu’on pourrait très difficilement bouger et effectuer toutes nos manipulations (pensez à un ballon ou à un pneu de vélo qui devient de plus en plus dur à mesure qu’on le gonfle). »

Ainsi, dans les scaphandres des astronautes, la pression est abaissée à 0,3 bar, poursuit Thomas Pesquet, « mais d’oxygène pur plutôt que d’air ». Ce choix permet d’éviter une hypoxie, c’est-à-dire un apport insuffisant en oxygène. Voilà d’ailleurs pourquoi les astronautes ne peuvent pas simplement enfiler un scaphandre et directement « ouvrir la porte » pour sortir dans l’espace. « Il faut, par conséquent, respecter des temps d’adaptation (sur le même principe que les paliers quand on remonte à la surface de l’eau après une plongée), afin de purger lentement notre sang de son azote (c’est la dénitrogénation) et de ne pas risquer un accident de décompression. » Ce serait effectivement dommage.


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