Victorieux de Lee Sedol au jeu de go, par quatre points à un, AlphaGo a, pour ainsi dire, triomphé des jeux de plateau classiques. Aujourd’hui, la question se pose de savoir quel sera le prochain défi pour le système d’intelligence artificielle développé par DeepMind, le laboratoire de recherche en IA dépendant de Google.
Plusieurs pistes s’ouvrent à AlphaGo. Il pourrait d’abord affermir sa domination au go, en écrasant d’autres joueurs de classe mondiale. Après tout, il y a d’autres pratiquants tout aussi doués que Lee Sedol qui pourraient peut-être parvenir à tromper la puissance de calcul de la machine, en établissant une autre stratégie — plus défensive par exemple — ou en jouant des coups « exotiques » ou inattendus.
AlphaGo pourrait également s’attaquer aux jeux vidéo. Il a été question de le mettre à StarCraft, qui est un célèbre jeu de stratégie en temps réel. Ce serait un challenge relevé, car AlphaGo ne disposerait pas d’une information complète pendant la partie : en effet, le jeu utilise le principe du « brouillard de guerre », qui masque les actions de l’adversaire au début de la manche et certains endroits de la carte.
Magic et Hearthstone
En réalité, c’est peut-être en direction des jeux de cartes que Google pourrait orienter ses prochains travaux. C’est en tout cas ce que suggère une publication scientifique sur arXiv, repérée par TechRepublic. Celle-ci mentionne une méthode permettant de récupérer des informations utiles sur une carte de jeu, et de convertir ensuite ces données en code pour pouvoir les utiliser dans une partie contre un adversaire.
Dans ce document rédigé par des chercheurs de l’université d’Oxford collaborant avec Google DeepMind, deux célèbres jeux de cartes sont mentionnés : Magic : l’assemblée (qui se joue la plupart du temps avec de vraies cartes, autour d’une table) et Hearthstone (qui lui est entièrement virtuel).
En l’espèce, deux obstacles majeurs se dressent devant l’IA de Google.
D’abord, il y a le problème de l’accès à l’information : dans une partie de Hearthstone ou de Magic, le joueur n’a pas une vision d’ensemble : il ne connaît que ses cartes ainsi que celles qui sont déjà jouées sur la table. Toutes les autres cartes, notamment celles qui sont dans le deck adverse, lui sont inconnues. C’est un problème que l’on retrouve dans StarCraft, mais pas aux échecs et au go, où l’ordinateur a triomphé, puisque la totalité du plateau est visible, sans aucune restriction.
Deux challenges se dressent devant Google : l’information partielle et le descriptif des cartes
Ensuite, il y a le souci de l’analyse de la carte. Si certaines informations seront très facilement extractibles, comme le coût en ressource de la carte (pour Hearthstone, celui-ci est symbolisé avec des cristaux), les points de vie de la créature et sa puissance d’attaque, d’autres données seront plus compliquées à récupérer, à interpréter et à traduire en code. C’est typiquement le cas du texte qui figure sur certaines cartes et qui décrit un sort, une action ou une capacité spéciale.
Par exemple dans Hearthstone, la carte « boule de feu » indique infliger six points de dégâts sur la cible qui est visée. Le texte est relativement court et simple, ce qui ne devrait pas poser une difficulté considérable aux équipes derrière AlphaGo. Mais pour la C’Thun, il est indiqué : « cri de guerre : inflige des dégâts égaux à l’Attaque de ce serviteur répartis aléatoirement entre tous les adversaires ». Si un joueur humain n’a pas de souci pour comprendre cette phrase, c’est une autre paire de manches pour une machine.
Il faut en effet que l’intelligence artificielle comprenne le sens du texte, en saisissant la relation qu’il peut y avoir entre les mots, évalue l’impact que la carte qu’elle est en train de jouer peut avoir sur sa main, sur celle de l’adversaire ou sur les cartes déjà jouées sur le plateau, et, détermine si son utilisation maintenant est la meilleure tactique possible, sachant qu’elle n’a pas accès à la totalité de l’information, puisque certaines cartes sont cachées. On devine sans peine l’ampleur de cette tâche.
Et encore, il s’agit-là d’exemples assez simples. Dans Magic, les textes descriptifs peuvent être bien plus longs, comme par exemple : « Quand le Ranger d’Éos arrive en jeu, vous pouvez chercher dans votre deck jusqu’à deux cartes de créature ayant un coût converti de mana inférieur ou égal à 1, les révéler et les mettre dans votre main. Si vous faites ainsi, mélangez votre deck ».
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