Voilà 25 ans qu’une maison de 450 tonnes est en orbite autour de la Terre. Cette maison, c’est la Station spatiale internationale (ISS). La Nasa fête en novembre 2023 l’anniversaire de la mise en orbite de ce grand laboratoire spatial. Les astronautes s’y succèdent pour mener des expériences dans l’environnement spatial. Ce fut le cas du Français Thomas Pesquet, à deux reprises en 2016 puis 2020.
Ce lieu de travail n’est pas comme les autres. Son environnement extrême suppose d’être prêt à faire face au pire et de connaître sur le bout des doigts les bonnes réactions à avoir en cas de problème. Dans son livre Ma vie sans gravité, Thomas Pesquet raconte que c’est la première chose qu’il apprend en arrivant à la Nasa lors de son entrainement (qui dure de 2010 à 2016). Dans des modules grandeur nature de la station, l’astronaute réalise des simulations des situations les plus dangereuses qui risquent d’arriver dans l’ISS. « Ces situations extrêmement sérieuses sont au nombre de trois », écrit Thomas Pesquet. Voilà lesquelles.
Le feu, ennemi public dans la station spatiale
L’une des pires catastrophes possibles à bord de la station serait un départ de feu. Même si tout est ignifugé dans l’ISS, le risque n’est jamais réduit à zéro. Il est d’ailleurs déjà arrivé qu’un feu se déclenche à bord d’une station, rappelle l’astronaute français. « L’un des modules de recherche de la station MIR a pris feu en 1997. L’équipage en a eu raison en une minute et demie. Belle performance, même si cette minute a dû leur paraître bien longue au milieu de la fumée qui a rempli le module. »
Alors, il est indispensable de savoir que faire. En l’occurrence, les astronautes apprennent à couper les ventilations pour éviter que le feu se propage dans d’autres modules ou à utiliser les extincteurs et les masques à leur disposition.
Dans l’espace, gare à la dépressurisation
La pression à bord de l’ISS ne doit surtout pas diminuer à bord. La dépressurisation est donc une autre situation très urgente. Elle risque de survenir lorsqu’un trou est créé dans la coque de la station, à cause d’un choc avec un débris spatial ou d’un incident mécanique. « Tout objet spatial étant lancé à une vitesse folle, une collision peut être catastrophique. L’ISS est protégée par un blindage capable de résister à des débris mesurant jusqu’à un centimètre, pas plus », souligne Thomas Pesquet.
C’est d’ailleurs pour cela, qu’en sortie extravéhiculaire, l’un des pires cauchemars des astronautes est de perdre un outil. Aucun astronaute ne veut être responsable d’une dépressurisation de la station si son tournevis revient la heurter.
La station ne peut pas indiquer aux astronautes où le problème survient, mais elle les informe que la pression diminue. « L’équipage peut éventuellement le ressentir dans les oreilles, comme dans un tunnel ou en avion, indique Thomas Pesquet. Plus sûrement, le centre de contrôle voit les courbes fléchir et nous prévient aussitôt. Branle-bas de combat : les astronautes se mettent immédiatement en quête de l’origine du problème. Nous calculons à quelle vitesse la pression baisse et déduisons si nous avons trois heures ou douze minutes pour nous sauver nous-mêmes et sauver la Station (dans cet ordre). »
Les astronautes ont alors pour consigne de rester près de leur capsule et d’isoler les autres modules pour trouver l’origine du problème. Des ventouses ou résines peuvent ensuite être utilisées pour colmater la brèche, si elle est identifiée.
Le risque de l’atmosphère toxique
Enfin, les astronautes peuvent aussi risquer de s’empoisonner à bord de l’ISS en cas d’atmosphère toxique. « Il peut s’agir d’un produit délétère que nous utilisons pour une expérience scientifique et qui nous échappe puis se répand en impesanteur. Ce peut être l’urine combinée à son produit de traitement, très acide » — produit qui nécessite aussi de prendre des précautions s’il faut réparer les toilettes des astronautes.
Une grande crainte concerne l’ammoniac (le gaz toxique dérivé de l’ammoniaque, qui sert parfois dans les cuisines et salles de bain). L’ammoniac circule sous forme liquide dans les radiateurs externes de l’ISS pour la refroidir. En cas de fuite d’ammoniac à l’intérieur de l’ISS, ce liquide serait vite changé en gaz et deviendrait très dangereux à respirer. « En cas de catastrophe de ce type, la seule chose à faire est de mettre un masque et de rejoindre le Soyouz [ndlr : la capsule russe], en fermant derrière soi et en se débarrassant de ses vêtements contaminés le cas échéant. » Il serait alors temps d’évaluer la situation et de déterminer si la station est récupérable, ou non.
Vivre dans l’espace est un rêve réalisé par beaucoup d’astronautes dans l’ISS depuis 25 ans. Mais, il peut vite se transformer en cauchemar en quelques secondes. Voilà pourquoi les équipages doivent être parés à toute éventualité.
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