Il y a un astronaute handicapé dans les rangs de l’ESA. En novembre 2022, l’Agence spatiale européenne choisissait son premier parastronaute, John McFall. Ce Britannique, athlète paralympique et docteur en médecine, vit avec une prothèse depuis un accident de moto qui a entraîné l’amputation de sa jambe droite. Malgré sa sélection à l’issue d’un concours très exigeant (autant que celui des autres astronautes sélectionnés, comme Sophie Adenot), John McFall n’est aujourd’hui plus si certain de voler un jour dans l’espace. Sa prothèse pourrait l’en empêcher.
C’est ce que l’astronaute a lui-même raconté auprès du Telegraph, le 24 novembre 2023. Les matériaux composant sa prothèse risqueraient de produire des gaz toxiques, ce qui serait très dangereux pour l’ensemble des astronautes en mission avec lui dans l’espace. Ses collègues pourraient être empoisonnés en respirant ces gaz libérés dans l’air de la station.
La prothèse pourrait produire des gaz toxiques respirés par les astronautes
« Ce sont des choses auxquelles on ne pense pas forcément, a expliqué John McFall au média britannique. L’embase [de la prothèse] est en fibre de carbone et il y a une sorte de mousse à haute densité à l’intérieur. L’embase en fibre de carbone est imprégnée d’une résine. La mousse est faite de polymères. Dans un environnement comme celui de l’ISS, où l’air est constamment recyclé, toute quantité significative de gaz produits par un matériau sera amplifiée au fil du temps parce qu’elle n’est pas filtrée. » Or, l’atmosphère toxique est l’un des pires dangers qui guette les astronautes dans l’espace, toutes les précautions sont donc prises pour éviter cette situation.
Pour l’instant, l’ESA est occupée à réaliser des tests sur la prothèse de John McFall pour déterminer si elle est bien conforme aux exigences de la Nasa. On ignore encore si cette prothèse empêchera effectivement le Britannique de s’envoler un jour dans l’espace.
Pourquoi John McFall ne part-il pas dans l’espace sans sa prothèse ?
Puisque la prothèse représente un risque possible pour l’ISS et ses occupants, ne pourrait-on pas envisager que John McFall aille dans la station, mais sans la porter ? Après tout, il n’aura pas besoin de marcher et pourra se déplacer en flottant en apesanteur ? Ce n’est pas si simple. En réalité, les tests montrent que la prothèse de l’astronaute serait cruciale dans l’espace, selon l’article du Telegraph. John McFall en aurait besoin, pour garder son équilibre, rester en bonne condition physique et évacuer rapidement de la station si besoin.
Afin de déterminer si John McFall pourra voler, et s’il devra le faire avec ou sans prothèse, le parastronaute se soumet à de nombreuses expériences. Il est ainsi installé sur des tables qui basculent, sa tête plus basse que ses pieds, pour recréer dans son corps les effets de la microgravité. Dans tous les cas, il reste encore quelques années avant de savoir si John McFall sera affecté à une mission : il sera fixé en 2025, lorsque l’ESA présentera un dossier aux ministres européens pour qu’ils décident ou non de financer une mission.
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