Les astronautes américains ne survoleront donc pas la Lune en 2024. Attendue à l’origine pour la fin de l’année, la mission Artémis II, qui consiste à envoyer quatre passagers faire le tour du satellite naturel durant un périple d’une dizaine de jours, est désormais programmée à septembre 2025. C’est ce qu’a annoncé la Nasa dans un communiqué le 9 janvier 2024.
En réalité, c’est tout le début du programme Artémis — nom donné par l’agence américaine à son projet de retourner sur la Lune avec des astronautes — qui est chamboulé. Outre Artémis II, désormais décalé de pratiquement un an, le vol suivant, Artémis III, est maintenant annoncé à septembre 2026. Précédemment, il était envisagé pour 2025.
Sur X (ex-Twitter), la Nasa a déclaré que cette révision du calendrier est dictée par des raisons de sûreté : il s’agit de faire en sorte que ces transports habités se déroulent dans la plus grande des sécurités. Or, en dehors des allers-retours sur l’ISS, qui se passent très près de la Terre, cela fait plus de 50 ans que la Nasa n’a pas envoyé du personnel aussi loin dans l’espace.
Les délais étaient trop tendus pour tenir 2024
Au-delà de la communication de l’agence sur les réseaux sociaux, le fait est que la Nasa et ses partenaires ne sont pas suffisamment dans les clous pour viser un vol en 2024. Cela, même si la mission Artémis II ne consiste « qu’à » survoler la Lune et non pas à y atterrir. Le débarquement d’astronautes sur le satellite est prévu pour le vol d’après, Artémis III.
Les alertes, en effet, se sont accumulées ces derniers mois. Les déboires de la petite mission Peregrine One, qui n’est certes pas décisive pour le programme Artémis, sont à additionner avec les autres difficultés. On peut également relever les défis à surmonter pour le développement du Starship, mi-fusée, mi-vaisseau spatial, qui, lui, doit tenir un rôle autrement plus important.
Compte tenu des délais alors très resserrés — le Starship devant entrer en scène avec Artémis III –, il était crucial que SpaceX réussisse son premier essai en vol. Cela n’a malheureusement pas marché, jetant un voile sur les performances du véhicule. Au sein de la Nasa, de l’inquiétude s’est aussi manifestée. Si le second vol s’est mieux passé, cela n’a pas été un succès total.
De fait, le Starship ne semblait pas prêt pour aller sur la Lune en 2025, et le temps restant semblait trop court pour continuer cette campagne d’essais, qualifier l’engin et satisfaire les autorités de régulation. À ces difficultés, il faut inclure le propre tempo des instances régulatrices, qui peuvent laisser passer plusieurs mois entre deux tests en vol. L’équation apparaissait insoluble.
Pour enfoncer le clou, un rapport du Government Accountability Office, l’équivalent de la Cour des comptes aux États-Unis, publié fin novembre 2023, a pointé d’autres difficultés, y compris au niveau des combinaisons. La GAO avait également rappelé que la Nasa avait établi un calendrier initialement trop optimiste, par rapport aux délais habituels qu’elle fixe pour d’autres missions.
La décision de la Nasa, bien que frustrante pour les aficionados de la conquête spatiale, va aider à relâcher l’immense pression qui pèse sur les équipes de l’agence en charge d’Artémis, mais aussi sur la cascade de partenaires privés. Elle offre aussi davantage de temps aux équipages pour se préparer à une aventure spatiale qui n’a plus été observée depuis un demi-siècle.
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