Il devait convoyer du matériel scientifique sur la Lune, dans le cadre d’un contrat avec la Nasa de plusieurs dizaines de millions de dollars. Hélas, l’alunisseur Peregrine ne sera pas en mesure d’honorer sa part. L’aventure a finalement très mal tourné et, aujourd’hui, le destin de l’engin va l’amener à rentrer sur Terre et à se consumer dans l’atmosphère.
« Nous continuerons d’exploiter l’engin spatial et à fournir des informations sur son état jusqu’à la fin de la mission », s’est engagée la startup Astrobotic Technology, dans un point d’étape le 14 janvier. Tout du long des déboires de Peregrine One (le nom de la mission), l’entreprise américaine aura fait preuve d’une transparence notable, avec des points réguliers.
Pour Peregrine One, qui aurait pu être doublement historique pour les États-Unis, sa carrière devrait s’arrêter dans la semaine. Des calculs concernant sa trajectoire suggèrent que l’engin va très probablement finir sa course au large de l’Australie, quelque part au-dessus de la grande barrière de corail, loin de toute vie humaine.
Le coup d’arrêt brutal à l’aventure de Peregrine One est heureusement sans conséquence pour les ambitions de l’agence spatiale américaine vis-à-vis de la Lune. La perte des instruments scientifiques, qui n’ont pas pu vraiment servir, était un risque calculé et accepté par la Nasa. Surtout, il s’agissait d’une mission ni très coûteuse ni très critique.
Peregrine One était le premier volet d’un programme baptisé CLPS (pour « Commercial Lunar Payload Services », soit services commerciaux de charge utile lunaire). Celui-ci vise à confier au secteur privé — des startups, mais aussi des filiales de très grands groupes — des missions secondaires en lien avec le programme Artémis.
Une mission de perdue, dix de retrouvées
Malgré l’échec de la première mission CLPS, la Nasa va aller de l’avant. La deuxième mission CLPS est attendue pour le mois de février 2024. Il s’agira de la mission IM-1, pour Intuitive Machines 1. Elle inclut aussi un alunisseur. Elle s’envolera à bord d’une Falcon 9 (une Vulcan Centaur dans le cas de Peregrine) pour rejoindre le pôle sud de la Lune.
Elle transportera six charges utiles liées à la météo spatiale et ses interactions avec la surface lunaire, la radioastronomie, les technologies d’atterrissage de précision, ainsi qu’un nœud de communication et de navigation pour les futures technologies de navigation autonome, détaille l’agence américaine.
Plusieurs autres missions CLPS sont attendues tout au long de 2024 — les missions 2 et 3 d’Intuitive Machines, mais aussi la première mission Blue Ghost, pilotée par l’entreprise Firefly Aerospace. Astrobotic Technology lui aussi ne va pas en rester là. La startup doit effectuer une nouvelle tentative en fin d’année, vraisemblablement en novembre.
Cette mission inclut un alunisseur, appelé Griffin, ainsi qu’un petit rover, dénommé Viper (pour Volatiles Investigating Polar Exploration Rover). Il s’agira d’une mission visant le pôle sud de la Lune à nouveau. Dans le cas de la mission Peregrine One, le site d’atterrissage se trouvait plutôt au nord de la Lune.
Aujourd’hui, quatre nations sont parvenues à déposer un engin sur la Lune : il s’agit des USA, de l’Union soviétique, de la Chine et de l’Inde. Depuis la fin des années 2010, on assiste à l’arrivée du privé. Des initiatives provenant d’Israël, du Japon et des Émirats arabes unis ont ainsi germé. Aucune n’est toutefois parvenue à se poser sans encombre.
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