Il y a une quasi-lune dans les environs de Vénus. Son nom ? Zoozve. Cette désignation semble tout à fait étonnante. Pourtant, elle vient d’être officiellement reconnue par l’Union astronomique internationale (IAU), le 5 février 2024. Ce petit corps céleste n’aurait jamais reçu ce nom si une erreur humaine ne s’était pas produite.
Toute l’affaire a commencé au mois de janvier. Latif Nasser, chercheur canado-américain et co-animateur du podcast scientifique Radiolab, raconte sa découverte inattendue dans un thread qu’il a publié sur X, le 26 janvier. « J’ai remarqué quelque chose de particulier dans la chambre de mon enfant de 2 ans qui m’a conduit à une profonde révélation cosmique sur ce qui est même possible dans notre univers. » Sur le mur de la chambre de son enfant, se trouve une affiche représentant le système solaire. Un détail accroche son regard. « Vénus avait une lune appelée Zoozve », dont Latif Nasser n’avait jamais entendu parler.
Le mystère de la quasi-lune Zoozve de Vénus
Intrigué, le podcasteur se lance dans des recherches sur Google. Mais, le site de la Nasa est catégorique : non, Vénus n’a pas de lune (tout comme Mercure, d’ailleurs). Perplexe, Latif Nasser s’enquiert du sujet auprès de son amie Liz Landau, spécialisée dans la communication scientifique au sein de la Nasa. Le mystère perdure : elle-même n’a jamais entendu parler de Zoozve et confirme à Latif Nasser que Vénus est dépourvue de lune. Latif Nasser se résout alors à contacter l’illustrateur de l’affiche, un Britannique nommé Alex Foster. « Il ne connaissait pas grand-chose en astronomie mais il a juré ne pas l’avoir inventée. Il a dit l’avoir trouvée sur une grande liste de toutes les lunes en ligne », raconte Latif Nasser dans son thread.
C’est alors que Liz Landau recontacte son ami avec l’explication tant recherchée. « Ce n’était pas Zoozve, c’était 2002-VE, qui est un véritable objet proche de Vénus. L’illustrateur Alex a confirmé qu’il avait probablement mal lu ses propres écrits », résume Latif Nasser.
Afin de mieux comprendre quelle sorte d’objet est 2002-VE, Latif Nasser prend alors contact avec son découvreur, l’astronome américain Brian A. Skiff de l’observatoire Lowell. Celui-ci avait identifié l’objet dans le cadre du projet LONEOS (« Lowell Observatory Near-Earth-Object Search », signifiant « Recherche d’objets proches de la Terre de l’observatoire Lowell »), un programme destiné à repérer des objets croisant l’orbite terrestre. 2002-VE ne représentant aucun danger, Brian A. Skiff avait cessé de l’observer.
Cependant, Latif Nasser continue sa quête. Il finit par s’entretenir avec deux autres astronomes qui ont réalisé un suivi de 2002-VE, le Finlandais Seppo Mikkola de l’observatoire de Tuorla et le Canadien Paul Wiegert de l’université de Western Ontario. Ce sont eux qui lui expliquent enfin la particularité de l’objet et sa nature de quasi-lune. « Zoozve orbite autour d’une chose : le Soleil. […] Mais Vénus a également un petit point d’appui gravitationnel sur elle, de sorte qu’elle orbite aussi sur Vénus en même temps. » 2002-VE n’est en fait pas un cas si exceptionnel, la Terre aussi a déjà eu des quasi-lunes.
Le nom de Zoozve officiellement approuvé
Fasciné par sa découverte, Latif Nasser consacre un podcast entier à l’histoire de Zoozve. Tout aurait pu s’arrêter là. Mais il propose de renommer officiellement l’objet en « Zoozve », « pour immortaliser la faute de frappe et ainsi rendre rétroactivement correcte l’affiche dans la chambre de [son] enfant ». Nommer des objets célestes, comme des planètes, des lunes ou des astéroïdes, ne s’improvise pas. Il faut que la demande soit acceptée par l’Union astronomique internationale (IAU).
Ce qui s’est passé pour Zoozve, début février. « Cet objet est le premier quasi-satellite d’une planète majeure (Vénus) », peut-on lire dans la décision de l’IAU. Longue vie à Zoozve autour de Vénus : la quasi-lune devrait rester dans les environs pendant au moins encore quelques millénaires.
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