« Achetez une étoile », « nommez une étoile ». À chaque période de festivités propice aux achats de cadeaux, comme Noël ou la Saint-Valentin, cette proposition alléchante refait surface sur les réseaux sociaux. Elle est souvent citée comme une idée de cadeau original à offrir à son partenaire amoureux. Pourtant, ce cadeau, qui peut parfois coûter assez cher, n’a absolument aucune valeur sur le plan scientifique. Ses acheteurs, tentés par les offres promotionnelles spéciales pour la Saint-Valentin, ne sont pas forcément au courant.
Comme le relevait France Info en janvier 2023, les montants de ces ventes sont parfois élevés : comptez ainsi 50 € pour une étoile dite « standard », 80 € pour une constellation. Les sites en question délivrent généralement un certificat, encadré ou non, assurant au destinataire du cadeau que l’étoile a bien été achetée et nommée.
« C’est une arnaque. La seule institution qui peut réellement nommer une étoile est l’International Astronomical Union (IAU) », estimait Withney Jerosme, étudiante en mécanique et streameuse Twitch sur le thème de l’espace, sur son compte X (ex-Twitter) le 10 février 2024.
Personne ne peut nommer les étoiles, même par amour, à part l’IAU
Effectivement, l’Union astronomique internationale consacre une page de son site aux noms des étoiles, dans laquelle elle confirme être la seule autorité capable de nommer officiellement ces objets célestes.
« L’IAU reçoit fréquemment des demandes de particuliers qui souhaitent acheter ou nommer des étoiles (ou tout autre objet astronomique). Certaines entreprises commerciales prétendent offrir de tels services contre rémunération. Cependant, ces ‘noms’ n’ont aucune validité formelle ou officielle », résume l’ONG, chargée de coordonner les travaux astronomiques dans le monde. « En tant qu’organisation scientifique internationale, l’IAU se dissocie totalement de la pratique commerciale consistant à ‘vendre’ des noms d’étoiles fictifs. »
Les seuls noms d’étoiles reconnus de façon officielle figurent dans le registre de l’IAU. Depuis 2016, l’Union astronomique internationale a d’ailleurs entrepris de clarifier la situation pour beaucoup de noms d’étoiles. Au cours des siècles, les différentes cultures et différents astronomes avaient pu donner leurs propres noms aux étoiles, créant des confusions. Un « groupe de travail sur les noms d’étoiles » s’occupe dorénavant de tenir le registre des noms uniques approuvés. Et l’IAU l’affirme, « quand il s’agit de donner un nom aux corps du système solaire, il faut suivre des procédures officielles, il n’est jamais question de transaction ».
Les « vendeurs d’étoiles », un business souvent légal
Mais, alors, ces pratiques de vente de nom d’étoiles sont-elles illégales ? Peut-on vraiment parler d’arnaque ? Pas nécessairement. « Malheureusement, pour les astronomes, il n’est pas possible d’attaquer ces sociétés en justice, car comme le précise le droit international, l’espace n’appartient à personne, complète Sébastien Beaucourt, médiateur scientifique au Planétarium de Reims, dans une vidéo sur YouTube. Par ailleurs, ces sociétés se protègent en mentionnant en tout petit sur leur certificat que ‘le document ne donne aucun droit sur l’étoile’. […] Et oui, abuser de la crédulité du public avec un habillage pseudo-scientifique est parfaitement légal. »
Ces « vendeurs d’étoiles » ne peuvent donc être attaqués que s’ils prétendent proposer des dénominations officielles. Ce fut le cas de l’International Star Registry, condamnée par en 1998 par le Département de consommation de New York pour publicité mensongère. Cette organisation, qui a depuis abandonné le terme « officiel », continue de vendre des noms d’étoiles aujourd’hui.
« La communauté scientifique n’a aucun intérêt à se mobiliser, selon Sébastien Beaucourt. D’une part, il s’agit d’une perte de temps, et d’autre part, il n’y a aucun préjudice pour les scientifiques. Comme bien souvent, ceux qui sont lésés, ce sont les crédules. » Et les amoureux transits.
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