C’est une habitude presque aussi vieille que la conquête spatiale : lorsqu’il y a une mission spatiale, l’humanité aime y associer un message. En la matière, les deux exemples les plus connus sont indéniablement la plaque de Pioneer et le disque d’or de Voyager. On peut les considérer comme des bouteilles à la mer interstellaires, lancées dans le cosmos.
Parfois, les communications ne reposent sur rien d’autre que des ondes : on peut citer le message d’Arecibo. Même les missions dans le voisinage immédiat de la Terre incluent occasionnellement des initiatives de ce type. La mission Perseverance, par exemple, contenait une plaque explicative au niveau du rover et un message codé dans le parachute.
Les messages de la mission Europa Clipper
Pour 2024, Europa Clipper va aussi avoir un rôle de messager. La mission va intégrer une plaque sur laquelle diverses informations seront gravées, au recto comme au verso. Certaines se comprennent facilement, d’autres sont en revanche beaucoup plus obscures. Heureusement, la Nasa a fourni le 8 mars 2024 un guide pour s’y retrouver.
Sur une face, on peut voir différentes stries ayant des longueurs et des hauteurs variées. Il ne s’agit pas de sismogrammes, mais de la représentation visuelle du son que donne le mot « eau » dans 103 langues. Cette représentation est nommée sonagramme. Et, en son centre, un symbole qui représente ce mot, mais en langue des signes américaine.
Sur l’autre, c’est un assemblage. Tout en haut figure l’équation de Drake. C’est une proposition mathématique censée servir à calculer la probabilité du nom de civilisations extraterrestres, en incluant une série de facteurs pertinents : en tout, sept variables sont prises en compte. Mais il n’y a pas de consensus sur les valeurs à donner.
On trouve ensuite un visuel vertical : il s’agit d’une représentation graphique des radiofréquences émises dans l’espace par des molécules apparentées à l’eau — H2O étant sa formule chimique, pour un atome d’oxygène et deux atomes d’hydrogène. Selon la Nasa, on se sert du « langage de la science » pour trouver des signes de vie.
À gauche, on trouve un portrait de Ronald Greeley, un scientifique américain décédé en 2011 à l’âge de 72 ans et qui est considéré comme l’un des pères de la planétologie. Ses travaux remontent à 1967 et la Nasa juge que son impact a contribué à la mise en place de la mission Europa Clipper — qui doit décoller à l’automne 2024.
On trouve également le symbole d’une bouteille — pour reprendre cette symbolique de bouteille à la mer lancée dans le firmament. Autour, des cercles, chacun agrémenté d’un point noir. On pourrait penser au système solaire. Il n’en est rien : cela représente les quatre plus grosses lunes de Jupiter (Io, Europe, Ganymède et Callisto).
Quant au long texte sur la droite, il s’agit d’un poème écrit par la poétesse américaine Ada Limón, qui rapproche la Terre de la lune Europe. La mission Europa Clipper, qui doit partir des États-Unis, entend étudier la lune jovienne pour déterminer s’il existe des conditions favorables à l’émergence de la vie.
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