Depuis l’apparition des téléphones portables, devenus ensuite smartphones, et de l’internet par Wi-Fi, des questions légitimes se posent sur les risques liés aux ondes émises et reçues par nos appareils. Et comme avec toutes les nouveautés, apparaissent des craintes parfois démesurées que la science, plus rigoureuse, met du temps à apaiser. Ces dernières années, la méthodologie pour évaluer les risques éventuels liés aux ondes s’est considérablement enrichie, notamment parce que nous disposons enfin de données sur des périodes de plus long terme ce qui manquait nécessairement quand ces technologies ont émergé.
Et la dernière en date, publiée par les chercheurs Simon Chapman, Lamiae Azizi, Qingwei Luo et Freddy Sitas dans le International Journal of Cancer Epidemiology Detection and Prevention a des argument solides qui mettent hors jeu les portables dans les causes liées aux cancers du cerveau.
Le nombre de cancers du cerveau entre 1982 et 2013 n’a pas augmenté
D’abord, il faut évoquer la méthodologie. L’article se fonde sur 19 858 hommes et 14 222 femmes diagnostiquées avec un cancer du cerveau en Australie de 1982 à 2012. Pour comparer ces phénomènes à l’incidence éventuelle des téléphones portables, l’équipe a utilisé les données d’utilisation et d’équipement de téléphones entre 1987 et 2012. Ils ont ensuite utilisé les données globales du risque de cancer de cerveau selon plusieurs tranches d’âge et plusieurs niveaux d’utilisation et ont modélisé des projections qui permettent de laisser 10 ans entre l’utilisation et le déclenchement potentiel.
En prenant en considération que le téléphone portable est apparu en Australie en 1987, plusieurs résultats ont été observés.
- Le nombre de cancers du cerveau entre 1982 et 2013 n’a pas augmenté sauf dans le groupe des gens âgés de 70 à 84 ans, mais cette augmentation a débuté dès 1982, soit bien avant que les premiers portables soient introduits sur le marché local.
- D’après eux, cette augmentation n’est qu’un biais statistique et technologique : ce ne sont pas le nombre de cancers du cerveau qui ont augmenté chez les personnes de 70 à 84 ans, mais la détection qui est bien meilleure et plus fréquente.
- Les modèles créés pour simuler une influence du téléphone sur le nombre de cancers du cerveau se sont avérés faux, comparés aux données réelles (un facteur de 1,5 a été appliqué pour tous et un facteur de 2,5 pour le pourcentage d’utilisateurs intensifs).
Les résultats présentés sont donc solides et les tentatives de tirer la réalité vers une conclusion qui incriminerait l’usage des téléphones portables n’a pas donné le moindre résultat. Le groupe de scientifique précise, à des fins d’exhaustivité, qu’ils n’ont pas pu étudier un usage réel du smartphone qui aurait impliqué de surveiller le temps passé par chaque personne au téléphone pendant trente ans, mais se sont appuyés sur des statistiques fiables.
De plus, avec un taux d’équipement de 90 % en Australie en 2012 contre 0 % en 1987, même avec variations liées à la méthodologie, l’étude aurait dû montrer une hausse du nombre de cancers du cerveau si cela avait été effectivement le cas. Une étude similaire pourra être intéressante à mener dans une trentaine d’années quand ceux qui ont eu un téléphone à 15 ans au début des années 2000 en auront 60, une donnée aujourd’hui indisponible.
A priori, vous pourrez donc continuer à parler des heures au téléphone sans risquer de griller vos neurones. Cela dit, utilisez tout de même un kit mains-libres : à défaut d’être plus sûr, c’est toujours plus confortable qu’une batterie qui chauffe le cuir chevelu.
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