L’Inde entend aussi jouer un rôle prépondérant dans la conquête spatiale, même si le pays bénéficie d’une visibilité moindre que d’autres États, comme les USA, la Russie ou la Chine. Active depuis plus de cinquante ans dans ce domaine, la nation indienne vient pourtant de franchir une étape-clé dans le développement de ses capacités avec le test d’un prototype de navette spatiale réutilisable.
Opéré par l’organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO), le vol a eu lieu ce lundi depuis le centre spatial de Satish Dhawan, situé sur la façade sud-est du pays. Il a consisté à faire grimper la navette RLV-TD (« Reusable Launch Vehicle-Technology Demonstrator ») à 65 kilomètres d’altitude. Le vol ascensionnel a duré un peu plus de 91 secondes, le temps que le booster HS9 face son œuvre.
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Ensuite, le vaisseau a amorcé son retour atmosphérique à la vitesse de mach 5 (c’est-à-dire 6 174 km/h) et atteint avec succès son point de chute situé au large, dans le golfe du Bengale, à environ 450 kilomètres de la base de lancement. Au total, toute l’opération a duré une douzaine de minutes, précise l’ISRO dans un communiqué.
« Lors de ce vol, des technologies essentielles comme la navigation autonome, l’orientation, le contrôle, la réutilisation du système de protection thermique et le gestionnaire de mission pour la ré-entrée ont été validées avec succès », commente l’ISRO à cette occasion.
Lors de ce test, le vaisseau indien n’a pas officiellement atteint l’espace. Pour cela, il aurait fallu monter encore de quelques dizaines de kilomètres. En effet, c’est à partir d’une altitude de 100 kilomètres, fixée par convention par la fédération aéronautique internationale, que l’on accède à l’espace. Cette démarcation s’appelle la ligne de Kármán. Cela étant, l’enjeu était autre pour l’Inde.
Le marché des satellites attire l’Inde
L’Inde désire devenir un opérateur dans le marché des satellites. Pour cela, le pays a choisi de créer un programme spatial à bas coût car il ne peut pas rivaliser avec des projets fondés sur des lanceurs traditionnels, comme Ariane 5. L’ISRO a besoin de faire des économies et cela passe donc par une réutilisation du matériel. Et pour cela, il faut pouvoir le récupérer, d’où le principe d’un engin réutilisable.
Cette solution a aussi été retenue par des opérateurs privés comme SpaceX et Blue Origin. Le premier a démontré sa capacité à faire revenir son lanceur sur une barge et sur la terre ferme après avoir accompli ses missions (mise en orbite de satellites ou ravitaillement de la station spatiale internationale), tandis que le second a enchaîné les tests avec succès sa fusée.
Ré-exploiter le matériel pour ne pas tout reconstruire
Les lanceurs réutilisables permettent de ré-exploiter des technologies pendant plusieurs vols sans avoir besoin de tout reconstruire de A à Z. C’est la meilleure piste pour l’ISRO, dont le budget tourne autour de 1,3 milliard de dollars. On est très loin des sommes qui sont disponibles pour les agences occidentales. Un mal pour un bien, puisque l’ISRO a dû trouver d’autres pistes plus économiques pour les concurrencer.
La réussite du vol, même s’il ne s’agissait que d’un prototype, a été abondamment saluée par le gouvernement indien, qu’il s’agisse du premier ministre Narendra Modi, du ministre des technologies de la communication et de l’information Ravi Shankar Prasad ou encore du président indien Pranab Mukherjee.
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