Sophie Adenot a reçu son diplôme d’astronaute de l’Agence spatiale européenne. Après deux ans de formation, l’ingénieure est prête pour de potentielles missions dans l’espace. Comment gère-t-elle la peur qui va avec ?

Il y a deux ans, l’Agence spatiale européenne (ESA) recrutait sa nouvelle classe d’astronautes. Parmi les nouveaux collègues de Thomas Pesquet, se trouvait une Française, Sophie Adenot. Mais, elle n’était pas encore officiellement astronaute. Cela a changé le 22 avril 2024. À l’issue de 2 ans de formation intensive au Centre européen des astronautes, à Cologne, l’ingénieure et pilote française a reçu son diplôme d’astronaute. Sophie Adenot fait maintenant partie du Corps des astronautes européens, ce qui veut dire qu’elle est prête pour de potentielles futures missions.

Sophie Adenot : « La peur est une information extraordinaire »

Ce faisant, l’astronaute française s’approche un peu plus de son rêve de voler un jour dans l’espace. Un rêve qui peut sembler aussi beau que terrifiant. Alors, comment gérer ? « En tant que pilote d’essai, j’ai déjà vécu des situations à haut risque, dans lesquelles il faut gérer la peur, explique à Numerama Sophie Adenot. J’ai les mêmes petites routines pour me rappeler que la peur est une information extraordinaire, qui est là pour nous apprendre à travailler les procédures et savoir que faire en cas d’urgence. La peur, c’est un cadeau. Il faut la prendre comme une information pour mieux se préparer. »

Avant même de penser à s’envoler, les apprentis astronautes sont mis à rude épreuve. Mais ont-ils peur ? « Il y a des moments où on a été poussé aux limites de notre zone de confort, mais je me sentais tellement bien que j’ai accueilli toutes les activités. Je suis arrivée avec un tel enthousiasme que j’ai tout pris comme c’est venu », nous raconte Sophie Adenot. Rassurer et accompagner les élèves astronautes, cela fait partie du travail des instructeurs à l’ESA. « À aucun moment de l’entrainement, j’ai eu peur. À aucun moment, je ne me suis sentie dans un danger qui me donne l’impression d’être trop peu accompagnée pour pouvoir vivre tout ça. »

Sophie Adenot pendant un entrainement aux sorties extra-véhiculaires en piscine. // Source : ESA (photo recadrée)
Sophie Adenot pendant un entrainement aux sorties extra-véhiculaires en piscine. // Source : ESA (photo recadrée)

Et, une fois le diplôme empoché, commence-t-on à anticiper ce qui fera peur dans l’espace ? « Aujourd’hui, je suis incapable de dire ce qui me fera le plus peur. Je sais qu’il y aura des événements, je les préparerai au fur et à mesure avec les procédures, comme je l’ai toujours fait dans ma carrière. »

« Je m’autorise à penser qu’à un moment, il y aura des choses qui feront peur »

Sophie Adenot nous invite donc, avec un sourire, à lui reposer la question à son retour sur Terre, lorsque sa première mission spatiale s’achèvera.

« Je suis humaine aussi, je réfléchis à tout ce qui va m’arriver. Oui, je vais être assise dans une fusée qui fait 70 mètres de haut, dans une capsule avec à peu près 500 tonnes de matériel métallique qui va me propulser hors de la planète, me mettre en orbite et m’arrimer à la station à 28 000 km/h, avant de passer 6 mois dans des modules métalliques, entourée de vide spatial… Oui, je ferai des sorties extravéhiculaires avec un câble qui me relie à la station. Puis, il faudra arriver à me désamarrer pour le retour sur Terre, avec un bouclier thermique qui va me protéger et décupler l’énergie équivalente à 30 TGV lancés à pleine vitesse, amerrir dans un océan et attendre les secours avec l’hélicoptère et le bateau de secours. Alors, je m’autorise à penser qu’à un moment, il y aura des choses qui feront peur. »

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