Juin 2023, près de Barbate, en Espagne. Un yacht à voile est pris d’assaut par cinq orques. Les gouvernails finissent complètement détruits — personne n’est blessé. « Les baleines dirigeaient le bateau », se rappelait alors le capitaine, elles « nous poussaient comme des poupées de chiffon ». Cet épisode en rejoignait d’autres : depuis 2020, les orques ibériques attaquent des yachts. Cela s’est reproduit une nouvelle fois au printemps 2024.
Mais peut-on vraiment parler d’« attaques » ? Cette approche a rapidement été contestée par de nombreux scientifiques. La réponse n’est pas peut-être pas celle que l’on croit. Une étude publiée en mai 2024 fait une proposition. Et les résultats ne sont pas forcément ceux que l’on imagine.
Il faut bien s’amuser quand on est une orque
Ce groupe de travail — composé d’experts et d’expertes en orques, qui ont notamment étudié les données de ces rencontres — a identifié plusieurs raisons combinées. La première d’entre elles n’a rien de guerrière : c’est pour s’amuser. « La mer est un endroit très ennuyeux pour un animal », a indiqué Renaud de Stephanis auprès de USA Today. Il fait partie des auteurs de cette étude et préside une organisation dédiée à la préservation de la vie marine. « Imaginez que vous soyez un chien ou un autre mammifère, vous pouvez interagir avec les objets qui vous entourent, mais dans la mer, il n’y a pas grand-chose avec quoi les orques peuvent interagir, alors elles jouent avec les gouvernails. »
Un certain nombre de preuves s’accumulent en faveur de cette hypothèse. selon ces biologistes. En particulier l’âge des orques impliquées : ce sont des individus juvéniles, donc des enfants et des « ados ». Par ailleurs, les orques jouaient presque systématiquement, ensuite, avec les morceaux de ce qu’elles avaient cassé.
Ce comportement de jeu, « enrichissant » selon de Stephanis, rappelle combien les orques sont des êtres sociaux intelligents, très avancés. « C’est une chose très sophistiquée que de faire quelque chose sans autre but que de s’amuser », explique Naomi Rose, experte impliquée dans l’étude. De fait, les scientifiques estiment qu’en aucun cas les orques ont conscience que ce jeu implique une destruction dangereuse pour d’autres êtres vivants — ce qui désactive l’idée d’une « attaque » ou d’un comportement « agressif ».
Davantage de thons, davantage de temps libre
Mais pourquoi ce comportement s’est-il accru ces cinq dernières années, spécifiquement ? L’une des réponses identifiées est… l’augmentation de leur temps libre. Depuis que la pêche au thon est mieux réglementée dans la Péninsule Ibérique, les populations de thon ont réaugmenté. Les orques ont donc plus de facilité pour chasser, moins de stress pour se nourrir, ce qui augmenterait le besoin d’occupation.
« En outre, le changement climatique pourrait jouer un rôle dans la présence de ces thons dans le golfe de Cadix de manière continue plutôt que saisonnière », ajoute le document livré par le groupe d’expertise. « Cette abondance tout au long de l’année signifie qu’il ne semble plus nécessaire pour les orques de poursuivre chaque poisson rencontré. »
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