Ce devait être un grand jour pour Boeing, le jour où la capsule Starliner allait enfin décoller avec un équipage à bord, en direction de la Station spatiale internationale (ISS). Mais ce n’est pas ce qu’il s’est passé le 1er juin 2024. À quelques minutes avant le lancement, un problème technique a cloué au sol le vaisseau spatial.
Un incident qui a contraint pour la énième fois le constructeur américain à reporter le lancement. Celui-ci est désormais espéré pour le 5 juin, toujours depuis Cap Canaveral en Floride, ou le 6 en cas de léger report. D’ici là, les deux astronautes sélectionnés pour le voyage — Barry Wilmore et Sunita Williams — devront patienter, encore.
Dans un point d’étape le 2 juin, Boeing a indiqué qu’un « équipement au sol sur le pas de tir a rencontré des problèmes pendant le compte à rebours », ce qui a causé l’annulation du vol. La fusée Atlas V qui enverra le Starliner dans l’espace est fournie par United Launch Alliance, une coentreprise entre Lockheed Martin et… Boeing.
Les premiers constats des équipes d’ULA évoquent un « problème au niveau d’une seule alimentation électrique au sol dans l’un des trois châssis redondants qui alimentent un sous-ensemble de cartes informatiques contrôlant diverses fonctions du système. » Parmi elle, carte en charge des vannes de remplissage de l’étage supérieur d’Atlas V.
Or, poursuit Boeing, « ces trois châssis doivent entrer dans la phase terminale du compte à rebours du lancement pour assurer la sécurité de l’équipage. » L’équipement défectueux a été remplacé par un châssis de rechange. Les raisons profondes du souci ne sont pas encore connues, mais au moins ce composant fonctionne bien désormais.
2 500 jours que Starliner est censé avoir réussi
Il n’est pas rare que des difficultés apparaissent en amont d’un vol et forcent le responsable de la mission à reporter le tir pour des raisons de sécurité — les soucis peuvent être d’ordre technique (un souci sur le lanceur, sur son chargement, sur le segment au sol…) ou pas (une mauvaise météo conduit généralement à un abandon).
Le cas de Boeing avec son Starliner est toutefois relativement atypique. En effet, ce vol habité avec deux anciens astronautes de la Nasa était prévu à l’origine en 2017. Depuis, l’industriel américain a rencontré des obstacles plus importants que prévu. Un échec fin 2019 d’une mission inhabitée avec le Starliner a aussi causé un gros retard.
Aux déboires spécifiques que Boeing rencontre avec Starliner, s’ajoutent deux facteurs aggravants : les incidents que l’avionneur rencontrent avec ses aéronefs, qui jettent un voile sombre sur leur fiabilité. Depuis 2019, le groupe traverse une grave crise industrielle avec les défauts du 737 Max, au point d’effrayer les passagers.
Il y a également le triomphe de SpaceX, qui a également été missionné par la Nasa pour développer une solution de transport habité pour faire la liaison entre la Terre et l’ISS. Si SpaceX a aussi eu du retard dans son propre programme, l’acheminement d’astronautes est maintenant assuré depuis 2020 — offrant à Elon Musk l’opportunité de critiquer Boeing.
Tout cela est dévastateur pour l’image de marque d’une entreprise qui, nous indiquait en 2022 Xavier Pasco, spécialiste du spatial américain, est le « symbole de l’Amérique triomphante. Si Boeing va mal, en termes d’image, ce sont les États-Unis qui vont mal aussi. » Outre-Atlantique, Boeing est plus qu’une simple société ; c’est une institution.
Un échec « serait un énorme coup dur pour Boeing et pour les États-Unis en général, ajoutait-il à l’époque. Cela confirmerait l’image d’une compagnie en difficulté qui multiplie les échecs. Et les États-Unis y perdraient du prestige. » La succession de mauvaises nouvelles après la réussite du vol inhabité de 2022 montre que Boeing n’est pas encore tiré d’affaire.
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