Une fusée chinoise qui ne devait pas décoller s’est envolée quand même : ça a mal tourné

Décidément, l’actualité spatiale chinoise récente rencontre quelques soubresauts inattendus. Au cours du week-end du 23 et 24 juin 2024, on avait assisté à la chute d’une fusée chinoise dans une zone habitée, tout en dégageant une fumée toxique. Une semaine plus tard, c’est maintenant un test de fusée qui a mal tourné.

L’incident s’est déroulé le 30 juin non loin de la ville de Gongyi, une commune du Henan, une province chinoise située au centre-est du pays. On ignore à ce stade s’il y a eu des blessés ou des victimes au niveau de la zone d’essai. Les vidéos qui circulent suggèrent que le lanceur en phase d’expérimentation est retombé en pleine nature, loin des habitations.

Les séquences enregistrées montrent un décollage du premier étage de la fusée Tianlong 3. L’engin, construit par l’entreprise chinoise Space Pioneer, s’élève de quelques centaines de mètres, au-delà de l’immense nuage de fumée que sa poussée génère. Puis, la propulsion semble s’épuiser et la fusée perd en stabilité.

La structure se met à se pencher sur le côté avant de retomber vers le sol comme une pierre. On voit d’ailleurs la structure prendre partiellement feu. Aucune autodestruction n’est déclenchée pour détruire la fusée (à supposer que cette sécurité existe, l’instruction a échoué si elle a été tentée) ; celle-ci finit sa course dans une gigantesque explosion.

Un tir statique de fusée qui n’est plus statique

Les premières indications autour de ce tir font état d’une mise à feu statique du lanceur qui a mal tourné. C’est une procédure classique dans le milieu de l’aérospatial. L’idée est de charger les réservoirs du lanceur, d’allumer ses moteurs et de vérifier leurs performances ainsi que le comportement de la fusée, sans quitter le sol.

Le lanceur est donc bien ancré au sol pour l’empêcher justement de partir. Une entreprise comme SpaceX procède très régulièrement à des mises à feu statiques avant d’effectuer ses missions. C’est d’autant plus utile pour une société qui réemploie ses fusées d’un tir à l’autre. Cela permet de déceler des soucis éventuels et de les résoudre avant le jour J.

De toute évidence, la fusée Tianlong 3 s’est détachée de son banc d’essai et la mise à feu statique est devenue une mise à feu dynamique. Elle a décollé pour une raison encore indéterminée, mais qui interroge inévitablement sur la qualité des règles et des procédures encadrant ce type d’activité, surtout dans des zones de peuplement.

Selon un communiqué partagé en chinois sur les réseaux sociaux, et traduit à l’aide de DeepL, il y a eu une « défaillance structurelle de la connexion entre le corps de la fusée et le banc d’essai », ce qui a causé son décollage. Il n’est fait état d’aucune victime : la zone d’impact du lanceur quand il est retombé était située à 1,5 km au sud-ouest du banc d’essai, en montagne. Le site d’essai est lui-même décrit comme « éloigné » de Gongyi.

Un vol inaugural en septembre

Tianlong-3 est une fusée qui n’a encore jamais officiellement volé. En cours de développement, elle est comparée par Space Pioneer à la Falcon 9 de SpaceX. En termes de capacité, elle doit pouvoir transporter 17 tonnes de charge utile en orbite terrestre basse (à moins de 2 000 km d’altitude) et 14 tonnes en orbite héliosynchrone.

En principe, le vol inaugural de Tianlong-3 est attendu pour septembre 2024. Il reste à savoir dans quelle mesure le raté du 30 juin aura une incidence sur le calendrier de Space Pioneer. Le communiqué suggère en tout cas l’organisation de nouveaux lanceurs et de nouveaux essais. Ce ne sera sans doute pas de trop.