Avec moi, j’ai un manuel de résistance : Le roseau philosophe. C’est un petit recueil de beaux textes et poèmes sur la nature, dirigé par l’écrivain et réalisateur Cyril Dion. Mais pourquoi un manuel de résistance ? Pour résister contre l’algorithme effréné du monde qui vient. Parce que, si je devais synthétiser l’ensemble de mes chroniques sur trois saisons dans Le Meilleur des mondes, j’ai parlé de technologie à travers deux choses : les livres et l’écologie. Ce sont les outils de mon combat : il faut réenchanter le monde.
Par réenchanter, je n’entends pas ce cliché qui nous imposerait de voir le positif en toute chose. Ça, c’est plutôt le statu quo actuel. Je crois, au contraire, qu’il faut s’autoriser à ressentir des émotions fortes et variées face au monde qui vient : elles sont révolutionnaires face à l’artificialité. Les livres ou même l’art plus globalement nous aident en ouvrant des portes en nous. Aimer, être en colère, questionner, c’est de ça dont on a besoin pour sortir de la passivité sous algorithmes.
Face à la dystopie
Cette impression de vivre dans une dystopie inéluctable se reflète notamment dans l’éco-anxiété, qui est nourrie par notre hyperconnexion. Mais saviez-vous qu’il existe une autre notion qui émerge : eco-anger, ou éco-colère. J’ai récemment découvert une étude qui est arrivée à une étonnante conclusion. En réalisant un sondage en Australie, les auteurs ont découvert que ressentir une forme de colère face à l’inaction climatique conduisait à un engagement plus fort, mais aussi, tenez-vous bien, à une amélioration de la santé mentale.
La militante écologiste Camille Etienne en parlait d’ailleurs récemment dans une interview au micro Laury Thilleman : « Les personnes les plus heureuses que je connaisse, c’est mes amis activistes ; activistes à leur manière. (…) Parce qu’ils se sentent peut-être échapper l’immuable. Il y a quelque chose de très existentiel là-dedans. L’immuable, par essence, c’est la mort. Ce contre quoi on ne peut rien. (…) C’est avoir un pouvoir, mais un pouvoir qui n’écrase pas, un pouvoir qui permet. »
Ce sondage montrait que l’éco-anxiété, elle, a tendance à paralyser et à peser sur le mental. L’enjeu est donc de transformer cette angoisse lucide du monde qui vient en désir actif d’un autre monde.
Low tech : réconcilier écologie et technologie ?
Les technologies sont devenues notre modèle de société : cela implique des habitudes, un confort très spécifique. On entend sans cesse qu’un modèle plus écologique serait punitif. Le low tech est souvent présenté comme quelque chose de frustrant pour les gens : moins de-ci, moins de ça. Mais en quoi réhabiliter notre rapport à la nature serait une perte ? C’est là où ré-enchanter le monde est urgent : le poète Walt Whitman écrivait qu’une feuille d’herbe est à la hauteur du labeur des étoiles. Moins de technologie, c’est peut-être aussi davantage de grandeur.
Ré-écoutez l’émission
C’était la dernière du Meilleur des Mondes, l’émission de François Saltiel. Pour l’occasion, l’équipe est revenue sur ces trois saisons à l’antenne de France Culture. Une émission à retrouver sur les apps de podcast et sur le site de Radio France.
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