Avec son diamètre de 375 mètres et son nom piqué au dieu du chaos égyptien, l’astéroïde Apophis a tout pour faire peur. Cependant, on sait qu’il sera finalement inoffensif au moment où il « frôlera » la Terre en 2029. Son passage à proximité de notre planète représente néanmoins une aubaine pour les scientifiques, qui vont pouvoir l’étudier de près. Ce sera l’objet de la mission Ramses, présentée par l’ESA dans un communiqué publié le 16 juillet 2024.
Ramses, nom d’une lignée de pharaons, signifie en réalité « Rapid Apophis Mission for Space Safety ». L’idée de l’Agence spatiale européenne est de renforcer les moyens de défense planétaire, au cas où un objet céleste massif viendrait vraiment à frapper la Terre. La sonde Ramses, qui recyclera des technologies employées sur Hera (mission qui sera envoyée vers l’astéroïde Dimorphos en octobre 2024), sera donc chargée d’accompagner Apophis sur sa trajectoire et d’enregistrer les modifications qu’il subira en chemin. « Les découvertes amélioreront notre capacité à défendre notre planète contre un objet similaire sur une trajectoire de collision », explique l’ESA.
L’astéroïde Apophis va permettre d’améliorer la défense planétaire
« Il nous reste encore tant à apprendre sur les astéroïdes mais, jusqu’à présent, nous avons dû voyager profondément dans le système solaire pour les étudier et réaliser nous-mêmes des expériences permettant d’interagir avec leur surface », se réjouit dans le communiqué de l’ESA Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS à l’Observatoire de la Côte d’Azur à Nice, conscient de l’opportunité que représente Apophis. L’astéroïde passera à 32 000 km de la Terre en 2029 et ne représente aucune menace sur les 100 prochaines années.
L’ESA a reçu l’autorisation de la part du programme de Sécurité spatiale pour travailler sur Ramses « dans les meilleurs délais ». Elle prévoit un lancement en 2028 pour rejoindre Apophis en février 2029, « deux mois avant le passage au plus près de la Terre ». Ce calendrier permettra aux scientifiques d’obtenir des données quand l’astéroïde sera loin de la Terre, puis quand il sera proche. Plusieurs éléments seront étudiés : la forme, la surface, l’orbite et l’orientation de l’objet. L’objectif est d’analyser l’évolution d’Apophis en profondeur, afin de déterminer l’impact des forces extérieures — la gravité de la Terre, ici — sur l’astéroïde (composition, structure intérieure, cohésion, masse, densité et porosité).
On comprend que l’idée est de trouver d’éventuels points faibles en cas d’impact imminent, afin de dévier au mieux un tel objet céleste et ainsi d’éviter le pire. Richard Moissl, à la tête du Bureau de défense planétaire de l’ESA, précise : « Ramses démontrera que l’humanité peut déployer une mission de reconnaissance pour un rendez-vous avec un astéroïde en approche en quelques années à peine. Ce type de mission est une pierre angulaire de la réponse de l’humanité à un astéroïde dangereux. »
À noter que l’ESA ne sera pas seule pour étudier Apophis. La Nasa a déjà redirigé sa mission OSIRIS-REx vers l’astéroïde. De quoi créer des synergies entre les deux véhicules spatiaux et d’affiner un peu plus les analyses possibles.
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