Le rover Perseverance a-t-il vraiment repéré de la vie sur Mars ?

Y a-t-il de la vie sur Mars ? La question éternelle est relancée, alors que le rover Perseverance de la Nasa vient de faire une découverte étonnante sur la planète rouge. Le robot a trouvé une roche intrigante, a annoncé la Nasa le 25 juillet 2024. Ses caractéristiques pourraient « correspondre à la définition d’un éventuel indicateur de vie ancienne ».

La vie a-t-elle existé dans les taches de léopard de cette roche martienne ?

Des microbes ont-ils vécu dans cette roche martienne il y a des milliards d’années ? Il est bien trop tôt pour le dire, selon la Nasa, qui affirme que « des recherches supplémentaires sont nécessaires » avant de tirer de telles conclusions.

Ce n’est pas si surprenant : Perseverance n’est pas capable de trouver la vie sur Mars en autonomie, ses instruments ne sont pas suffisants pour confirmer une aussi grande découverte. Pourtant, cette trouvaille reste prometteuse, car le rover est en capacité de collecter la roche et de la conserver en sécurité. Une mission de retour d’échantillons pourrait venir la chercher pour la ramener sur Terre, afin que la roche soit étudiée de plus près en laboratoire.

Le 21 juillet, Perseverance a prélevé son 22e échantillon dans cette roche, nommée « Chevaya Falls ». La roche est décrite par le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la Nasa comme présentant des « taches de léopard ». Ce sont ces structures étranges qui sont soupçonnées d’être « les meilleurs signes d’une vie microbienne ancienne que nous ayons trouvés jusqu’à présent sur Mars ».

Pour percer le mystère, il faudra ramener la roche de Perseverance sur Terre

La communauté scientifique se réjouit de la trouvaille du rover. « Perseverance aurait-il trouvé d’anciennes traces de vie sur Mars ? Cette roche est en tout cas la plus intéressante jamais étudiée : riche en matière carbonée, elle présente de petits halos noirs qui sur Terre sont souvent associés à la présence de micro-organismes », écrit le docteur en planétologie Thomas Appéré sur X. Mais les scientifiques se gardent bien de surinterpréter la découverte. « Ce que nous disons, c’est que nous avons une biosignature potentielle sur Mars », complète Kathryn Stack Morgan, chercheuse au JPL, citée par le New York Times.

Une biosignature est, toujours selon la Nasa, une caractéristique qui prouve l’existence d’une vie passée ou actuelle. Pour être certain que l’on est bien en face d’une biosignature, il faut pouvoir exclure absolument une hypothèse : celle que l’élément a pu être créé sans la présence de vie. Or, c’est sur ce point que des scientifiques appellent à faire attention au sujet de la roche « léopard » de Perseverance. « Des taches comme celles-ci sur Terre peuvent se former en présence de vie microbienne. Mais il existe d’autres moyens non biologiques pour qu’elles puissent se développer, souligne Paul Byrne, professeur associé à l’université Washington de Saint-Louis, spécialisé en géologie planétaire. La seule façon d’en être sûr est de rapporter ces échantillons dans un laboratoire sur Terre. »

Les techniques permettant d’identifier une biosignature sont trop complexes pour être embarquées à bord d’un rover martien, même aussi sophistiqué que Perseverance. Pour espérer découvrir si Chevaya Falls a pu abriter la vie par le passé, tout repose sur Mars Sample Return, la mission ambitieuse de retour d’échantillons martiens. D’ici là, les trouvailles de Perseverance continueront de susciter de nombreux « peut-être ».