L’agence spatiale américaine l’a dit fin juin 2024. Elle l’a répété à la fin juillet. Et elle vient encore de le dire à la fin août : non, les deux astronautes Sunita Williams et Barry Wilmore ne sont pas « coincés » dans la Station spatiale internationale (ISS). Ils n’ont simplement pas pu rentrer à la date prévue au départ et doivent désormais patienter.
Voilà, en somme, la teneur du discours de la Nasa dans une foire aux questions partagée le 20 août, et devant répondre aux interrogations les plus courantes autour de la mission Starliner — que se passe-t-il ? De quelle façon les deux astronautes vont-ils rentrer ? À quelle date ? Ont-ils tout ce qu’il faut à bord en attendant ? Etc.
Ainsi, à la question de savoir si le duo est « coincé dans la station spatiale », la Nasa répond négativement : « Non. Barry et Suni pourraient rentrer chez eux à bord du Starliner en cas d’urgence. L’agence dispose également d’autres options de retour, si nécessaire, tant pour les plans d’urgence que pour les plans de retour normaux. »
Cette perspective d’un retour en urgence sur Terre grâce au Starliner (ou via une autre option de retour) a déjà été soulignée précédemment par des responsables de l’agence américaine, à l’occasion de divers points d’étape. La Nasa ajoutant qu’il n’est pas anormal que cette mission connaisse un tel prolongement, puisqu’il s’agit d’un vol d’essai.
Divergence sur le vocabulaire à employer
Le fait est toutefois que la position adoptée par la Nasa sur ce terrain devient de plus en plus difficile à tenir à mesure que la date de retour recule, et tandis que les conditions de retour demeurent vagues. En date du 21 août, on ne dispose toujours pas de calendrier précis ni de visibilité sur la rentrée des deux astronautes. La FAQ, d’ailleurs, l’admet.
Hors de l’agence, des opinions divergentes se font en tout cas entendre.
« J’ignore ce qu’il en est pour vous, mais si j’étais bloqué dans un aéroport pendant sept mois de plus que prévu, je serais certainement considéré comme ‘coincé’ ». Voilà, par exemple, ce qu’écrivait le 7 août Delian Asparouhov, fondateur et président de Varda Space Industries, une société travaillant dans la recherche spatiale.
Initialement, Sunita Williams et Barry Wilmore devaient demeurer environ une semaine à bord de l’ISS. Ils ont quitté la Terre le 5 juin dernier et ont rejoint la station le 6. Leur départ aurait dû donc se dérouler autour du 14 juin. Cependant, cet horizon n’a cessé de s’éloigner en raison de l’état peu satisfaisant du Starliner.
Aujourd’hui, leur séjour est passé de sept jours à soixante-quinze, et cela va encore durer quelques semaines. Une décision de la Nasa est attendue à la fin du mois d’août. Parmi les scénarios qui circulent, il y a celui où le duo ne rentrerait sur Terre que début 2025, via une capsule affrétée par SpaceX (le vaisseau Crew Dragon).
Ne pas enfoncer Boeing, qui fabrique Starliner
De fait, la lecture qu’a la Nasa de la situation est discutée et discutable. Non seulement le retour n’a pas pu se faire à la date prévue, mais en plus la seule alternative citée explicitement pour ce voyage est une « situation d’urgence ». Signe, en creux, qu’un retour normal est de toute évidence inenvisageable pour l’instant.
D’aucuns pourraient considérer qu’il y a un vernis de relations publiques de la part de la Nasa à choisir consciencieusement ses mots, et en en écartant certains de son vocabulaire. Dire le contraire n’arrangerait pas les affaires de Boeing, l’industriel qui a fabriqué la capsule Starliner. L’Américain fait déjà face à des difficultés notables pour ne pas en rajouter.
Si la Nasa refuse de dire que ses deux astronautes sont coincés (même si leur retour est de plus en plus pensé via des plans de secours), on peut au moins noter que leurs mouvements sont entravés. Le fait que la Nasa soit obligée de contester les termes de « coincés » et « bloqués », et de sortir une FAQ, vont dans ce sens.
Que Sunita Williams et Barry Wilmore soient coincés ou entravés ne veut pas dire non plus que leur situation est catastrophique en orbite. Ils ont tout ce qu’il faut pour travailler et passer le temps, l’ISS étant ravitaillée comme d’habitude. Ce ne sont pas non plus des naufragés qui ont échoué sur une île déserte. Cela pourrait être pire.
En outre, l’un et l’autre sont des vétérans de l’exploration spatiale. Ils ont déjà effectué de longs séjours en orbite et cet environnement leur est très familier. Si on inclut la période actuelle, Sunita Williams a passé presque 400 jours dans l’espace en temps cumulé et Barry Wilmore plus de 250 jours. Ils sont rompus à l’exercice et aux aléas de l’espace.
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