Cette fois, c’est enfin parti. Après douze ans d’attente, Flamanville prend enfin vie. Dans un communiqué paru le lundi 2 septembre, EDF annonce le démarrage des « activités nécessaires à la première réaction nucléaire dans le réacteur ». Ce faisant, le premier réacteur pressurisé européen (EPR) français fait officiellement ses débuts.
Un démarrage modeste pour l’EPR français
Le démarrage, toutefois, est pour l’instant très modeste. L’électricien fait savoir que l’activité du réacteur, une fois les étapes préliminaires passées, attendra seulement 0,2 % de sa puissance nominale. Plus tard cette année, à l’automne, la puissance augmentera pour atteindre 25 % des capacités du réacteur nucléaire, soit 400 mégawatts (MW).
Pour l’heure, l’EPR de Flamanville 3 dont la puissance totale atteint 1 600 MW, n’est pas encore raccordé au réseau électrique national. Ce n’est qu’au moment où la puissance atteindra les 25 % que la production d’électricité commencera vraiment, et qu’elle sera envoyée aux industries et aux foyers. Le raccordement est prévu à l’automne.
Le chantier aura connu une gestation très difficile, du fait, notamment, de son statut de tête de série, avec de nombreux déboires au fur et à mesure des travaux. Le devis, estimé au départ à 3,3 milliards d’euros, est passé à 13,2 milliards, selon EDF (et même 19 milliards, selon les calculs de la Cour des comptes, qui a ici inclus les surcoûts de financement).
Parmi les difficultés qui ont germé au cours des douze ans, il y a eu des défauts de soudure sur les traversées de l’enceinte de confinement, des fissures dans le béton de la dalle ou encore des anomalies dans l’acier de la cuve, rappelle le site Connaissance des énergies. D’ailleurs, la mise en route prévue pour cet automne est encore un retard, de trois mois.
Il n’en demeure pas moins que cette étape, permise par le feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a été saluée par EDF. « Les équipes se préparent à faire battre le cœur du réacteur pour la première fois », a écrit la société sur X (ex-Twitter) le 2 septembre. Le feu vert de l’ASN a été donné le même jour.
Dans le jargon, cet « allumage » est appelé divergence. Maintenant que le combustible a été chargé dans la cuve du réacteur, il s’agit d’enclencher la fission nucléaire, via une réaction en chaîne. Des neutrons vont percuter des noyaux d’uranium 235 pour les casser, ce qui va libérer d’autres neutrons. À chaque fois, cela va dégager beaucoup d’énergie. C’est cette énergie qui est ensuite récupérée pour en faire de l’électricité, puis propulsée sur le réseau électrique.
L’EPR de Flamanville a été bâti sur un site qui compte déjà deux réacteurs nucléaires (Flamanville 1 et 2 ont chacune une puissance installée de 1 300 MW), tout au bout du département de La Manche. Il s’agit du 57e réacteur français en exploitation. C’est la première fois depuis 2002 qu’un nouveau réacteur est lancé dans l’Hexagone.
Cap sur l’EPR 2, évolution de l’EPR
L’EPR (sigle anglais pour Evolutionary Pressurized water Reactor) est un type de réacteur nucléaire appartenant à la troisième génération, dont la conception remonte aux années 90. Il succède à des technologies comme l’eau légère, le gaz-eau lourde, le graphite-gaz, les neutrons rapides, et l’eau pressurisée de deuxième génération.
Selon l’ASN, l’EPR inclut « de nombreuses améliorations en matière de sûreté, d’utilisation des combustibles et d’économie d’exploitation ». Il sera toutefois un modèle unique en France, malgré ses qualités annoncées. En effet, c’est désormais vers un EPR 2 que la filière française s’oriente, avec un premier objectif de six réacteurs (et huit en option).
Ailleurs dans le monde, on compte trois EPR en fonctionnement : deux en Chine, à Taishan, et un en Finlande, à Olkiluoto. Un chantier est également en cours au Royaume-Uni, à Hinkley Point. Des projets sont évoqués ailleurs dans le monde, incluant l’Inde, le Kazakhstan et, de nouveau, au Royaume-Uni, ainsi que quelques pays européens.
Le nucléaire occupe une place centrale dans le mix énergétique français. C’est un type de production d’énergie pilotable, qui assure globalement entre 70 et 80 % des besoins — cette part fluctue en fonction de la demande en France et en Europe, mais aussi des performances des autres sources d’énergie (solaire, hydraulique, éolien, etc.).
L’utilisation du nucléaire est considérée comme un levier clé dans la lutte contre le dérèglement climatique, car l’atome peut servir à remplacer des sources d’énergie polluantes, comme le charbon, le fioul et le gaz. C’est ce qu’on appelle une énergie bas carbone, ce qui contribue à la diminution de l’empreinte environnementale de la France et à sa place reine en Europe.
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