« Le Starship sera bientôt sur Mars. » Voilà la promesse que répète encore et encore Elon Musk, année après année, sans pour autant la concrétiser. Un engagement sur lequel le milliardaire américain est revenu une nouvelle fois dans un tweet partagé le 8 septembre 2024. À l’entendre, un départ vers la planète rouge est plus proche qu’on ne le pense.
« Les premières fusées Starship à destination de Mars seront lancées dans deux ans, lorsque s’ouvrira la prochaine fenêtre de transfert Terre-Mars. Elles seront dépourvues d’équipage afin de tester la fiabilité d’un atterrissage intact sur Mars », écrit-il. Si tout se passe bien, une mission habitée pourrait même survenir dès 2028.
Ce calendrier prévisionnel doit être considéré avec beaucoup de prudence : Elon Musk n’a pas toujours eu le nez creux quant à ses pronostics.
Le vol inaugural du Falcon Heavy avait été imaginé à l’origine pour 2013 ; il n’a eu lieu qu’en 2018. Cinq ans de retard. Le vol touristique autour de la Lune, promis en 2018, a été tout simplement annulé, cinq ans après. Par ailleurs, d’autres missions plus modestes, comme Polaris Dawn, n’ont pas réussi à tenir les délais imaginés au départ.
Même chose pour mission expérimentale concernant Mars, en 2018. Cette date a été repoussée à 2020, puis le projet « Red Dragon » est finalement tombé aux oubliettes.
Dès lors, la perspective de voir une fusée Starship sur Mars dès 2026 et une mission habitée dès 2028 parait extrêmement optimiste — d’aucuns diront irréaliste. Il y a encore bien des aspects que l’on connait mal, à commencer par la détermination des astronautes à supporter un tel périple, et la faculté de SpaceX à assurer leur survie.
Si la perspective d’un équipage sur Mars dans quatre ans parait relever pour l’heure du fantasme, un lancement d’une fusée Starship sans équipage dans deux ans est beaucoup plus plausible. Le lanceur a enregistré des succès remarquables ces deux dernières années, en témoignent ces vols d’essai autour de la Terre, qui progressent à chaque fois.
2026 a une autre priorité : Artémis III
Il faut se souvenir que SpaceX n’en était qu’à des vols suborbitaux avec le Starship, il y a deux ans, donnant l’impression que jamais l’entreprise ne sera dans les temps pour le programme Artémis. Or, l’agence spatiale américaine (Nasa) compte sur SpaceX pour disposer d’un Starship prêt à l’emploi pour le retour des astronautes sur la Lune.
C’est justement en 2026, lorsque la mission Artémis III aura lieu, que l’on aura besoin du Starship sur la Lune. De fait, le calendrier du programme Artémis impose à SpaceX de cravacher pour démontrer la fiabilité du vaisseau spatial, sur Terre, mais également lors du transit vers la Lune, et, enfin, entre le sol lunaire et l’orbite.
En raison de la mécanique spatiale qui a lieu dans le système solaire, la Terre et Mars s’approchent et s’éloignent de manière cyclique. Pour que la traversée soit la plus courte possible, les meilleures fenêtres de tir s’ouvrent tous les deux ans. C’est pour cela que SpaceX mentionne 2026 et 2028. Les planètes seront alors positionnées « idéalement ».
Il y a toutefois un problème : c’est aussi en 2026 qu’aura lieu Artémis III. Or, cette mission va inclure un évènement qui ne s’est plus produit depuis des dizaines d’années : la dépose d’un équipage d’astronautes sur le sol lunaire. Il faut remonter au programme Apollo, et à la mission Apollo 17, en 1972, pour retrouver un alunissage humain.
En raison de l’extrême sensibilité de ce vol, avec des humains à bord, et de sa symbolique (des Américains), on peut raisonnablement penser que la Nasa va attendre de SpaceX sa plus complète mobilisation sur Artemis III, afin que tout se passe comme sur des roulettes. En creux, les autres projets un peu plus expérimentaux pourraient donc être retardés.
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