C’était l’un des grands rendez-vous de l’actualité spatiale de 2024, et c’est une réussite sur toute la ligne. Dimanche 15 septembre, SpaceX a bouclé avec succès la mission Polaris Dawn partie cinq jours plus tôt. Celle-ci avait pour but de transporter un équipage de quatre civils dans l’espace, et de procéder à une sortie extravéhiculaire. La première du genre.
Finalement, il n’y en aura pas eu une, mais deux. À 700 km d’altitude de la Terre, Jared Isaacman puis Sarah Gillis se sont succédé hors de la capsule Crew Dragon — laissant à bord Scott Poteet et Anna Menon. Tout le monde effectuait son premier vol spatial, à l’exception de Jared, qui avait déjà voyagé avec Inspiration4 en 2019.
Cette sortie a été l’occasion de tester la mobilité et le confort conférés par la nouvelle combinaison développée par SpaceX. À ce moment-là, Poteet et Menon étaient aussi en tenue. En effet, le vaisseau n’est pas équipé d’un sas intermédiaire permettant d’assurer l’étanchéité de l’intérieur du vaisseau au moment d’ouvrir l’écoutille.
La sortie extravéhiculaire conduite par Isaacman et Gillis, spectaculaire, s’est toutefois avérée « partielle », dans la mesure où seul le haut du corps est vraiment sorti du véhicule. Les EVA classiques, par exemple autour de l’ISS, impliquent d’être totalement à l’extérieur. Cela étant, l’un et l’autre étaient quand même dans le vide spatial.
Orbite lointaine, test laser, expériences scientifiques…
Parti le 10 septembre de Floride, depuis le centre spatial Kennedy grâce à une fusée Falcon 9, l’équipage de Polaris Dawn s’est également démarqué en procédant à une orbite particulièrement éloignée : l’une des rotations autour de la Terre a atteint un apogée de 1 400 km. Cela n’avait plus été le cas depuis 1972 et Apollo 17.
Durant ces cinq jours, il a également été question de tester un nouveau type de communication par laser pour la constellation satellitaire Starlink, ainsi que des recherches scientifiques, notamment sur le mal de décompression et le syndrome neuro-oculaire associé au vol spatial, et les effets sur le corps humain des rayonnements cosmiques.
En raison de la trajectoire de Polaris Dawn, la capsule est passée dans une zone radiative particulière, appelée ceintures de Van Allen — il y en a deux, une intérieure et une extérieure. La plus proche de la Terre se situe de 700 à 10 000 km d’altitude. La Station spatiale internationale, qui évolue plus bas (vers 400 km), n’est pas directement exposée.
Le profil atypique de la mission Polaris Dawn a donc été l’occasion de mener des expériences scientifiques relativement inédites. Et, par ailleurs, d’amasser des données qui auront leur intérêt pour préciser un peu plus les effets des vols lointains et de longue durée sur la santé. À l’annonce de la mission, en 2022, 38 expériences avaient été retenues.
Et maintenant pour Polaris et SpaceX ?
Polaris Dawn n’est pas censée être un one shot. La mission s’inscrit dans le cadre d’un programme plus large appelé Polaris, qui doit en compter deux autres. Ce que SpaceX entend effectuer avec les deux vols suivants reste à ce stade encore assez flou. L’entreprise américaine n’a donné que de vagues indications en 2022.
Ainsi, Polaris II devrait être encore un vol habité lancé par une fusée Falcon 9, avec à bord un équipage similaire dans la capsule Crew Dragon. Le profil du vol devrait être proche, mais il est question de « repousser les limites des futures missions de vols habités », mais aussi des communications spatiales et de la recherche.
On ignore à ce stade si l’altitude sera encore plus élevée ou si la durée du séjour spatial sera allongée. L’équipage doit encore intégrer Jared Isaacman puisqu’il en est le promoteur et celui qui a signé un deal avec SpaceX pour mettre en place ce programme. Il sera d’ailleurs également à bord de Polaris III. Ce seront ses 3e et 4e vols.
Concernant cette dernière mission, il est question de mobiliser non plus la Falcon 9, mais de voler à bord du Starship. Il doit s’agir d’ailleurs du premier vol spatial humain à bord du véhicule — à l’origine, il devait s’agir du projet dearMoon, annoncé en 2018, mais retardé avant d’être annulé. L’idée était de faire le tour de la Lune avec des stars.
Pour l’heure, aucun calendrier n’est véritablement arrêté pour Polaris II et III. À l’origine, il avait été prévu de conduire Polaris Dawn dès 2022, puis Polaris II en 2023. Finalement, Polaris Dawn a eu deux ans de retard. Il est peu probable que Polaris II ait lieu avant 2025, surtout s’il y a un équipage inédit, qu’il faut encore former.
Quant au Starship, il est toujours en phase de développement. Son dernier vol a eu lieu fin juin et a enregistré deux succès notables, pour le premier étage et l’étage supérieur. Toutefois, l’engin est pour l’instant coincé pour des raisons administratives — l’engin doit de nouveau recevoir un feu vert des autorités américaines, et cela va traîner.
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